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Un directeur et un responsable des travaux de la régie de l’eau poursuivis pour « gobette » puis relaxés

Le directeur de la régie de l’eau aujourd’hui suspendu et son ancien responsable des travaux ont dû s’expliquer pour la revente illégale de 200 tonnes de conduites en plomb et en fonte.

Justice conduites en plombs et fonte
Les deux hommes ont revendu 200 tonnes de conduites en plomb et en fonte usagées pour une valeur de 25 000 euros. (© Adobe Stock illustration).

Au tribunal judiciaire de La Rochelle, le 3 mars dernier, il y avait à sa barre Philippe H., l’ancien directeur de la régie de l’eau de la ville, révoqué en 2018. Une décision annulée par le tribunal administratif trois ans plus tard. La ville de La Rochelle a fait appel et suspendu Philippe H. pour deux ans. À ses côtés, Dominique H., aujourd’hui à la retraite, qui occupait les fonctions de responsable des travaux.

Il est reproché aux deux hommes d’avoir revendu 200 tonnes d’anciennes conduites en plomb et en fonte, ainsi que des compteurs d’eau usagés, pour un montant total de 25 000 euros. Une pratique bien connue sous le nom de « gobette » dans le milieu.

Des enveloppes contenant des billets

Elle permet aux agents de se faire un peu d’argent en revendant des matériaux usagés à des ferrailleurs. Malgré tout, Philippe H. y mettra fin en 2012, en rédigeant une note de service. Néanmoins il est formel, « c’était une pratique tolérée par les élus. Ils étaient tous au courant ». La période de prévention s’étend de 2003 à 2017.

« Bien sûr qu’ils étaient au courant, l’adjoint en charge du service, Alain Bucherie venait même participer aux repas que nous organisions de temps en temps avec l’argent de la gobette », renchérie Dominique H.

Il est également question de cadeaux de départ à la retraite, toujours avec ce même argent placé dans un coffre-fort du service. Certains disent avoir vu les deux prévenus venir chaque vendredi se servir et repartir avec des enveloppes contenant des billets. « Ils mentent. À partir de 2014 il y a eu une ambiance délétère. Tout le monde suspectait tout le monde », s’insurge Philippe H.

Maxime Bono l’ancien maire de La Rochelle au courant de la pratique

Son avocat Me Fabien-Jean Garrigues emmène le débat sur le changement de municipalité intervenu à La Rochelle en 2014, « l’ancien maire Maxime Bono, avait écrit qu’il était au courant de cette pratique et qu’elle était tolérée. Il innocente, alors que son successeur Jean-François Fountaine accuse. La ville de La Rochelle aurait elle une double personnalité ? »

Mais pour le tribunal une question s’impose, « où se situe le seuil de la gobette? » La partie civile parle de, « détournement de biens publics », et « d’encaissements occultes.

Les faits sont très désagréables. il y a eu une perte complète des repères entre intérêts privés et exercer la fonction de direction ». Le ministère public rappelle que 10 ans de prison sont encourus pour de tels faits.

Une peine de 12 mois avec sursis est requise à l’encontre de Philippe H. et 8 mois également avec sursis pour Dominique H. Les deux défenses plaident la relaxe pour leur client.

Ceux-ci ont été relaxés par le tribunal qui a estimé que les faits étaient prescrits. Et au surplus, « les volumes conséquents de métaux étaient stockés au vu et au su de tout le monde ».


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