Ce mercredi 26 octobre, le comité de pilotage du plan d’action peuplier 2022-2025 s’est réuni à Coulon pour échanger sur une vision d’avenir concernant l’implantation de peupliers dans le Parc naturel régional du Marais poitevin.

Parmi les essences forestières d’avenir, le peuplier n’a peut-être pas dit son dernier mot. Malgré une diminution du nombre de peuplier et une difficile cohabitation avec l’agriculture et le tourisme, il semble avoir encore une place dans le patrimoine poitevin.

En tout cas, depuis plus d’un an, la Société forestière de la Caisse des dépôts et consignations, le CNPF – Centre national de la propriété forestière, la société Joubert Valter peupliers et le Parc naturel régional du Marais poitevin sont à la manœuvre pour accompagner son développement dans la région.

Leur objectif ? Élaborer une vision d’avenir pour une implantation plus forte des peupliers dans le parc. Une action difficile à relancer, mais pas impossible.

Mercredi dernier, le comité de pilotage du plan d’action peuplier a fait appel aux maires des communes et aux différents acteurs de la filière mercredi dernier pour échanger sur les moyens mis à disposition pour pouvoir planter cet arbre emblématique sur le territoire.

Une filière en souffrance

Le territoire où la culture des peupliers est la plus présente est le cœur des marais mouillés de la Sèvre niortaise. Un milieu très sensible dans lequel les conditions d’exploitations sont particulièrement difficiles (fragilité des sols, zone inondable, contrainte d’accès…).

Mais, la culture du peuplier repose historiquement sur les petits propriétaires fonciers, populations moins concernées par le peuplier aujourd’hui. Résultat, le taux de plantation/replantation devient insuffisant par rapport au prélèvement.

En quelques décennies, le nombre de peupliers a diminué malgré une demande constante de la part des industriels. Pourtant, planter des peupliers dans le but de les exploiter et d’en tirer un revenu a bien un nom : la populiculture.

Rendre populaire la populiculture, c’était également le sens de cette réunion technique organisée ce mercredi après-midi à Coulon, commune à la frontière entre les Deux-Sèvres et la Charente-Maritime.

Le président du PNR Marais poitevin, Pascal Duforestel, et son équipe ont souhaité ainsi inciter à la plantation et promouvoir des dispositifs d’aides régionales et locales auprès des propriétaires.

Après un an et demi d’action et de mise en place, le PNR Marais Poitevin semble sur la bonne voie, mais de nombreux efforts de plantation restent tout de même à faire pour permettre à la filière de pouvoir complètement se relancer et au paysage de se remodeler.

Inciter à la plantation

À travers ce plan d’action, le PNR Marais poitevin et ses partenaires souhaitent guider les propriétaires vers la plantation de peupliers sur leur parcelle.

La mission est d’accompagner les propriétaires pour élaborer leurs dossiers de demande d’autorisation et de demandes d’aides, les guider dans l’organisation et la préparation des chantiers de plantation (relation pépiniériste, choix cultivars…) et bien évidemment les assister dans la vente de leurs arbres.

Toutefois, son champ d’action ne s’arrête pas seulement à ce suivi. Avec les aides financières des départements, de la Région, de Merci le peuplier et du syndicat des propriétaires fonciers du Marais poitevin, le propriétaire ou la collectivité peuvent planter à moindres frais.

Selon Pascal Duforestel, il faut compter environ deux euros par plan puisque l’aide attribuée est de 10 à 15 euros par arbre protégé. « Une action suffisamment incitative » d’après un membre du public venu assister à la réunion.

Par ailleurs, des changements ont été effectués concernant cette aide, notamment dans le Pays de la Loire. En compensation du faible dispositif dans le département, l’aide a été rehaussée à hauteur de 5 euros par plan.

En revanche, pour le moment, la courbe ne s’est pas encore inversée. Les acteurs de ce plan comptent donc mettre les bouchées doubles pour redynamiser la filière et repeupler ces 17 000 hectares de surface répartis sur 31 communes.

Dans les dessertes forestières, des travaux devront prochainement être engagés pour faciliter l’implantation de peupliers. Mais, qui va devoir s’en occuper ? Le budget est estimé à 5 millions d’euros.

Des enjeux environnementaux, écologiques et climatiques

Si les enjeux économiques et paysagers sont forts, les enjeux environnementaux et climatiques ont aussi leur place dans ce plan d’action. Dans le Marais poitevin, on trouve le peuplier sous deux formes de culture.

En alignement, généralement en périphérie de parcelle. C’est un modèle de culture traditionnelle, de type agroforesterie. Le peuplier est généralement associé à une production agricole, souvent de la prairie, mais aussi des cultures céréalières.

Et en peupleraie. Cette culture est plus récente. Son essor observé à partir des années 1990 et est lié à une déprise agricole des marais mouillés. Conséquence : le peuplier constitue un élément majeur de la trame paysagère des marais mouillés orientaux, territoire classé en « Grand site de France ».

Surtout, quand on sait que « sa culture peut être le support de développement d’habitat d’intérêt communautaire et permettre la séquestration de carbone », précise le PNR Marais Poitevin.

Seulement, avec les aléas climatiques, les zones de plantation diminuent chaque année. A contrario, les coupes de peuplier augmentent et la filière se retrouve presque sans ressources, en déficit.

Dans la salle de réunion, le public s’interroge également sur le prix du bois. Depuis plusieurs mois, le bois a pris de la valeur et il devient de plus en plus difficile de se fournir.

De plus, si la récolte des peupliers ne pose pas vraiment problème, le désengagement trop fréquent de propriétaires dans le reboisement aboutit quant à  lui à un taux de reboisement en peuplier très faible.

Pourtant, le peuplier est un élément clé pour le développement de la bioéconomie, non seulement dans la production de bioénergie, mais aussi et surtout dans l’industrie de la construction pour remplacer d’autres matériaux par un matériau renouvelable comme le bois de peuplier

Il est indispensable à la survie de notre économie et de notre environnement. C’est pour cette raison que le PNR Marais Poitevin continue sur sa lancée et souhaite redonner une place de choix au peuplier dans la biodiversité locale.

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