Ce mercredi 29 juin, Yann Arthus-Bertrand a inauguré son exposition baptisée « La Mer » au Musée Maritime de La Rochelle. L’occasion pour lui de réveiller les consciences sur le changement climatique au micro d’AunisTV.
Dans le cadre de l’inauguration de son exposition intitulée « La Mer » réalisée avec Brian Skerry, le photographe, cinéaste et militant écologiste français, Yann Arthus-Bertrand s’est rendu au Musée Maritime de La Rochelle.
À travers leurs 70 clichés, les deux artistes proposent deux regards sur les océans et alertent sur la nécessité de leur préservation. Préservation de la planète et réchauffement climatiques, Yann Arthus-Bertrand a répondu aux questions d’AunisTV. Entretien sans concession.
Pourquoi vous êtes-vous lancé dans ce projet ?
J’ai un métier d’activiste… (rire). Je fais des photographies pour essayer de changer le monde, péniblement, mais on essaie. Je me suis associé à Brian Skerry, qui est un grand photographe américain pour expliquer la mer. Cela vient du projet du film « Planète Océan » qui est projeté à La Rochelle. C’est une expo sur la mer, mais surtout sur notre vie et notre quotidien. Il y a des photos de containers, on ne parle pas que de poisson. Finalement, c’est une réflexion sur notre vie qui est complètement obsédée par la croissance. Et cette religion de la croissance est en train de nous tuer, on le sait tous. Le dernier rapport du GIEC le dit beaucoup mieux que moi. Cette exposition est une vision globale de notre façon de vivre.
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Est-ce qu’on va être obligé de passer par la décroissance pour pouvoir « survivre » ?
Je pense que l’on vit déjà la décroissance. Vous savez, le rapport du GIEC nous indique tout de même que nous nous dirigeons vers la 6e extinction. Nous avons 3 ans pour changer, mais on sait pertinemment que l’on ne changera rien en 3 ans. Il ne faut pas oublier que sur les 160 pays qui ont signé les accords de Paris, il n’y en a pas un qui les a respectés. La France s’est engagé en 2050 à emmètre 2 tonnes de carbones par an alors que l’on en émettait 12 avant. Et depuis les accords de Paris, on est sur les mêmes niveaux. Et l’on emmétra toujours 12 tonnes en 2030, si les énergies fossiles sont encore là. Aujourd’hui, on est dans un déni collectif, car la croissance paie tout. Les écoles, les hôpitaux, les télévisions, la croissance paient notre vie. Il faudra que l’on apprenne à vivre mieux avec moins. Je pense que la jeune génération, qui commence à devenir de plus en plus radicale, va nous montrer l’exemple.
Que faut-il dire aux pays émergeant à ce moment-là ? Ceux qui ont envie aussi d’arriver à notre niveau de croissance et de luxe, ce n’est pas possible pour eux ?
Moi, je dirais aux pays émergents : allez-y, polluez, car c’est à nous de faire des efforts et non l’inverse. Lorsque l’on vit dans un pays dans lequel il n’y a pas de démocratie, pas de travail, pas de service de santé et pas d’éducation, on ne peut rien leur dire. Vous savez, je gère un petit orphelinat à Brazzaville, et les enfants m’appellent sur Viber et Whatsapp. Cela veut dire qu’ils ont internet, donc ils savent ce qu’il se passe ici. Et quand on vit dans un pays comme le leur, vous n’avez qu’un rêve, c’est de traverser l’Atlantique et venir vivre chez nous. Je pense que les pays émergents doivent continuer de grandir et c’est à nous de montrer l’exemple. Toutefois, cela reste compliqué. Mais, je pense que la chose la plus facile à faire si l’on veut œuvrer pour la planète, c’est d’essayer de devenir végétarien. Refuser la viande industrielle, celle que l’on consomme tous, ou encore prendre l’avion par exemple. Alors, certes, ça ne sert à rien de prendre un avion pour simplement 24h à Marrakech, mais il faut prendre l’avion pour voyager pendant un ou deux mois. On a le devoir et la mission, en tant qu’être humain, de protéger la planète.
Dernièrement, qu’est-ce qui vous le plus marqué ?
Les jeunes ingénieurs Agritech de l’école de Grignon, ont refusé leur diplôme. Ils ne veulent pas de ce qu’ils ont appris à l’école, car ils estiment qu’il participe à la destruction de cette planète. Ce qui m’a également beaucoup impressionné, ce sont les 150 de la convention citoyenne, ces Français choisis par hasard, sont devenus plus radical que moi dans l’écologie. Je pense qu’il y a un énorme chemin à faire d’éducation pour nous tous afin de comprendre ce qu’il est en train de se passer. Il faut apprendre à regarder le monde avec moins de sinistre et de scepticisme.
Vous avez jusqu’au 6 novembre pour aller découvrir cette exposition.