L’avenir de la plus ancienne et importante association de la ville, est suspendu à la vente des locaux qu’elle occupe, par l’évêché de La Rochelle, qui en est le propriétaire.

Si vous cherchez l’Éveil de Marans, demandez la rue de l’Eveil et non la rue des Anglais, là où pourtant elle est implantée depuis 1911. Un lieu idéalement placé au cœur de la ville, avec notamment une vue sur le port qui devrait d’ici peut affoler les promoteurs, dans une cité vouée enfin au développement avec son contournement annoncé pour la fin de la décennie.

318 adhérents

L’Éveil est une association qui compte six disciplines dont une section de gymnastique sportive et sa fameuse batterie-fanfare aux 21 titres nationaux.

Pour cela les nombreux bénévoles de l’Éveil qui compte 318 adhérents n’ont pas rechigné à user d’huile de coude afin d’entretenir les vastes locaux quitte à les aménager tout spécialement et aux frais de l’association.

Jusqu’en 1952, l’Eveil payait un loyer qui par le truchement d’une association remontait à l’évêché de La Rochelle. Par la suite nous avons pris à notre charge l’entretien des bâtiments, avec un bail de trente ans qui sera échu en 2027″, explique Pascal Fonteneau.

Entre bruits de couloirs de plus en plus prégnants et mails quasi officiels, le président de l’Eveil n’est pas dupe,  » l’évêché a décidé de mettre en vente nos bâtiments au prix du marché en 2027″.

Victime collatérale

En janvier 2022, lors de la signature d’un protocole de signalement des abus sexuels signé entre le diocèse et les parquets de Saintes et de La Rochelle, l’évêque de La Rochelle ne cachait pas que le versement de la quote-part de son diocèse pour indemniser les victimes du rapport Sauvé en passerait par la vente de biens immobiliers.

Dans le cadre de l’indemnisation forfaitaire le diocèse aurait dû verser la somme de 200 000 euros. 80 000 l’ont été pour le moment. « C’est une avance sur une propriété que nous sommes en train de vendre », précise l’évêque de La Rochelle Mgr Georges Colomb.

Une association fragilisée

Aujourd’hui aucune solution de relogement ne pointe à l’horizon. Pascal Fonteneau ne renie pas les liens très forts qui unissent son association à l’Église catholique, « ils sont dans leur droit. Mais ce ne sont pas les valeurs que j’ai apprises à l’église. Cette décision de mise en vente des locaux fragilise clairement notre association ».

Lors des questions diverses du dernier conseil municipal, l’annonce de cet avenir faite par le maire Jean-Marie Bodin a jeté un froid dans la salle. « L’Éveil c’est l’ADN de la ville de Marans et inversement », insiste Pascal Fonteneau.

A minima 700 m2 seront nécessaires à reloger l’association. Et impensable pour ses adhérents comme pour ses dirigeants de se délocaliser sur une autre ville de la communauté de communes Aunis Atlantique, « ça n’aurait aucun sens ».

Le maire de la ville déclare prendre ce dossier à bras-le-corps avec une priorité à maintenir l’Eveil à Marans. Sans pour autant malgré tout, balayer d’un revers de main la piste communautaire.

La piste de « Petite ville de demain » ?

Autre piste peut-être pour l’édile, le plan de relance « Petite ville de demain », mis en place par l’Etat et pour laquelle sa ville a été retenue. Encore faudrait-il avoir le foncier nécessaire déjà très encadré par le plan local de l’urbanisme intercommunal et de l’habitat (PLUI-H).

Reste bien, cet ancien silo emblématique construit au bout du port en briques apparentes et à l’intérieur duquel Jean-Marie Bodin, imaginait y faire une sorte de petite cité des arts. L’Éveil y aurait à coup sûr trouvé sa pleine mesure. Mais le propriétaire du bâtiment n’est pas vendeur.

Un véritable casse-tête donc pour Pascal Fonteneau et son conseil d’administration pour lesquels d’ici à ce qu’une solution ne soit trouvée, s’annoncent de nombreuses nuits sans sommeil.

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