Les acteurs de la prévention, de la prise en charge des violences sexuelles et sexistes, de l’Etat et de la justice se sont retrouvés en séminaire à La Rochelle sur un sujet où la parole reste encore à libérer.
Ces dernières années, le nombre d’affaires de violences intrafamiliales a explosé. Un phénomène lié à cette libération de la parole des victimes.
Pour la plupart du temps, des femmes, celles concernant les hommes restant marginales, même si bien présente et dû peut être à une certaine forme de pudeur.
Autre phénomène de violence prégnant, mais qui a du mal à se révéler à une chaîne allant de l’éducation nationale au procureur de la République, en passant par les clubs sportifs, l’Etat et le Conseil Départemental : ce sont les violences sexuelles et sexistes au sein des activités de jeunesse et de sport organisées par les collectivités locales.
« Il faut éveiller les consciences », rapporte Nicolas Basselier le préfet de la Charente-Maritime. « Des actions à tous les niveaux doivent être faites. De la formation des adultes encadrant les jeunes à la mobilisation des services de police et de gendarmerie », poursuit le représentant de l’Etat dans le département.
« Mobilisation générale »
Quitte à revenir sur ce sentiment de pudeur, mais cette fois développé par de jeunes victimes bien souvent âgées de moins de 15 ans, « ce ne sont pas les victimes qui sont coupables. La honte doit changer de camp ».
Nicolas Basselier parle d’une, « mobilisation générale », mais surtout de travailler ensemble, « au-delà du répressif, il faut faire évoluer les comportements dans les têtes ».
Travailler ensemble, une proposition qui sonne tout particulièrement aux oreilles de Sylvie Marcilly. La présidente du conseil départemental de la Charente-Maritime insiste sur ce travail en réseau, « cela concerne toute la société sans différence aucune de classes sociales ».
En 2021, 40% de ce type de violences a concerné des mineurs âgés de moins de 15 ans dans le département. 655 ont été concernés par ce genre d’affaire dont un signalement était à l’origine pour 610 d’entre elles.
Le message à porter est la vigilance. Elle en passe par la prévention. Un plan jeunesse est en cours d’élaboration sur le respect d’autrui, la lutte contre les incivilités dès le plus jeune âge ».
Concernant plus particulièrement les clubs sportifs, une action est menée entre le Département et le club de judo de Rochefort. Mais selon le procureur de la République de La Rochelle, Laurent Zuchowicz, « les deux parquets du département sont très peu saisis pour ce type de violences dans les clubs sportifs. Ça ne veut pas dire qu’elles n’existent pas. Mais il y a une difficulté à faire émerger la parole. Il faut encourager à sa libération ».
Des actions à consolider au sein de l’Education nationale
Et là aussi pour le magistrat, une seule solution, « la clé, c’est le travail en réseau ».
Laurent Zuchowicz revient sur ce récent rapport tombé il y a quelques jours, concernant l’accès à la pornographie,
l’accès à la sexualité se confond avec l’accès à la pornographie. Et forcément cela bascule vers des comportements délictueux, voire criminels. Il faut améliorer la détection pour aller vers le succès que nous rencontrons dans le domaine de la lutte des violences conjugales ».
Un domaine où l’Education nationale a également un rôle prépondérant à jouer. « Nous avons un programme anti-harcèlement et un sur l’éducation à la sexualité. Beaucoup de nos médecins scolaires sont formés. Mais il y a des marges de progrès. Il faut encore consolider nos actions », reconnaît Mahdi Tamene, directeur académique des services de l’Education nationale.
« Oui, la lutte contre les violences sexuelles et sexistes au sein des activités de jeunesse et de sport organisées par les collectivités locales est une cause départementale », conclut la présidente de la Charente-Maritime.
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