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Les experts de Pélagis de La Rochelle en charge de l’autopsie de l’orque retrouvée morte dans la Seine

Mardi 31 mai, dans la matinée, Cécile Dars et Sarah Wund, deux scientifiques du laboratoire Pélagis de La Rochelle, ont participé à l’autopsie de l’orque retrouvée morte dans la Seine lundi dernier. Les analyses sont en cours.

Pour certains scientifiques, il est aussi très probable que l’orque se soit éclipsée dans la Seine par curiosité. (©Adobe Stock/Illustration)

Mardi dernier, en début de matinée, deux spécialistes de l’observatoire Pélagis de La Rochelle ont effectué les premiers prélèvements sur l’orque qui errait dans la Seine entre Rouen et Le Havre la semaine dernière après l’annonce de son décès lundi 30 mai.

Cette autopsie vise à « recueillir un maximum d’informations et tenter d’établir les causes de l’errance et de la mort », a expliqué la préfecture de la Seine-Maritime dans un communiqué publié le même jour.

Actuellement, les analyses sont en cours. Erratisme ? Réchauffement climatique ? Difficile de donner les causes exactes de son décès. Selon Cécile Dars et Sarah Wund, les premiers prélèvements n’ont pour l’instant pas permis de connaître les causes exactes de ce décès, mais le mammifère était « probablement » malade avant son entrée dans la Seine.

Des causes encore inconnues

Mardi matin, et jusqu’à 13h, l’observatoire Pélagis, le Réseau national Échouages, des vétérinaires du SDIS 76 et de Belgique sont venus pour faire une autopsie de l’animal. L’institut, coordinateur du Réseau national Échouages, est mandaté par l’État pour intervenir dans ce type de situations.

Les premiers éléments de réponse donnés par les deux scientifiques de l’observatoire Pélagis n’ont toutefois pas permis d’apporter une réponse concernant la cause de la mort de l’orque.

Pour le moment, on n’a pu déterminer aucune cause de la mort, mais l’état de la carcasse était déjà avancé. La deuxième chose est qu’elle ne présentait pas à l’ouverture de signes macroscopiques d’une pathologie évidente« , explique Cécile Dars, ingénieure d’études chargée de la bancarisation et du suivi qualité des données d’échouages pour l’observatoire Pélagis.

Même si, le mammifère a été découvert dans un état de décomposition avancée d’après un premier examen visuel externe qui a conduit à repérer les lésions sur le corps de l’orque.

L’autolyse des organes, autrement dit la destruction des tissus vivants par leurs propres enzymes, sans agents extérieurs, était assez avancée. Il est donc difficile de se prononcer à cause de la putréfaction », ajoute Cécile Dars.

Sur une vidéo publiée sur le compte Twitter de la préfecture de la Seine-Maritime, Sarah Wund, vétérinaire à l’observatoire Pélagis, ajoute que l’orque « est un animal assez maigre, qui ne s’est pas nourri depuis plusieurs semaines ».

On a fait tous les prélèvements nécessaires pour tout analyser à la loupe en termes de virologie, bactériologie, histopathologie*, génétique, régime alimentaire. On va tout faire pour essayer de comprendre qui était cet animal, d’où il venait et ce pourquoi il est mort », rassure l’ingénieure.

De nombreuses zones d’ombre restent donc en suspens concernant le décès de ce cétacé dans la Seine. Comment son état de santé a-t-il pu se dégrader si vite ? Quelle était la concentration de polluants chimiques dans son corps ?

L’autopsie permettra d’obtenir de premières indications, avant des analyses plus poussées dans les prochaines semaines.

Un lien avec le réchauffement climatique ?

Une deuxième problématique vient s’insérer dans ces analyses de la carcasse de l’orque : d’où vient-elle ? Et pourquoi a-t-elle progressé aussi loin dans le fleuve ?

L’animal avait été aperçu pour la première fois il y a deux semaines, entre Honfleur et le Havre, visiblement perdu, loin de ses congénères.

La dernière fois qu’on a retrouvé une orque dans cette posture, c’était en 2012, sur la côte Atlantique. Mais ce phénomène n’est pas récurrent, du moins, sur nos côtes », informe la scientifique de l’observatoire Pélagis basé à La Rochelle.

Toujours selon les deux expertes de l’observatoire Pélagis de La Rochelle , apercevoir un cétacé nageant au large des côtes de la Manche ou dans la Seine n’est pas un phénomène fréquent.

Habituellement, les orques se déplacent le plus souvent en groupe. Elles sont rarement solitaires. Alors, qu’est-ce qui a poussé ce mammifère marin à se retrouver dans la Seine ? Le réchauffement climatique a-t-il un lien direct ou indirect avec ce phénomène ?

Un lien avec le réchauffement climatique ? Difficile de le dire. L’érratisme chez les mammifères marins, et dans la faune sauvage, est possible. Il n’y a pas si longtemps que ça, on a eu un morse dans le port de La Rochelle, mais c’était déjà arrivé que des morses remontent la seine dans les années 70 donc on ne peut pas vraiment dire si c’est le réchauffement climatique ou l’érratisme de l’individu qui l’a poussé à faire ça… », précise Cécile Dars.

Plusieurs hypothèses sont également abordées par les experts en charge de l’autopsie comme la curiosité du mammifère marin ou la pollution. Une autre explication pourrait aussi résider dans le fait qu’elle ait été attirée par les populations de phoques qui vivent sur les côtes normandes et au nord de la France.

Quoi qu’il en soit, si ce phénomène reste assez peu fréquent d’après les scientifiques, l’année 2019 avait été une année record au niveau du nombre d’échouages sur le littoral métropolitain avec près de 2 600 échouages, le plus important jamais enregistré sur la période 1990-2019.

*Utilisation des techniques de l’histologie (étude au microscope des tissus vivants) pour étudier les tissus prélevés par biopsie ou sur une pièce opératoire, ou encore au cours d’une autopsie.

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