Bien des métaphores cinématographiques pourraient illustrer cette affaire cocasse qui oppose le maire de Saint-Médard-d’Aunis, Roger Gervais à son ancien responsable des services techniques.
En effet, à l’issue de près de deux heures d’audience au tribunal judiciaire de La Rochelle, pour quelques stères de bois et ce que la défense appelle « un petit billet », la vice-procureure de la République, Soraya Ahars s’interroge avec un brin de dérision sur les propos de l’ancien responsable des services techniques.
Commençons par planter le décor : les services techniques de la mairie de Saint-Médard-d’Aunis entre 2015 et 2019. Du côté des acteurs, son responsable, un premier rôle qui après coup sera passé très rapidement par la mairie de Sainte-Marie-de-Ré et qui aujourd’hui a changé d’air dans le département de la Vienne.
Une simple clé USB
Il exerce dorénavant ses talents dans le secteur privé. Le quinquagénaire partage l’affiche avec le maire de commune, Roger Gervais et son fidèle lieutenant, l’agent de surveillance de la voie publique (ASVP).
Ceci étant dit, reste à retranscrire le scénario et à sortir du tiroir la pièce à conviction : la clé USB du responsable des services techniques. La défense s’en offusque, « c’est une atteinte à la vie privée de mon client ».
Agacé, le tribunal sonne le gong, « vous avez déposé plainte ? » « Ce sera fait », assure Me Claudy Valin. Dans la fameuse clé, des présumées preuves d’un travail dissimulé effectué par le prévenu chez son voisin.
Jusqu’à 4 500 euros de récompense
« Un simple coup de main pour rendre service », n’en démord pas le quinquagénaire. Quant aux 3 000 à 4 500 euros, « c’était une indemnité pour me récompenser ». Malgré tout sans aucun passage par la case impôt.
Seconde saison de « Saint-Médard-d’Aunis, c’est Dallas ton univers impitoyable », l’élagage des arbres versant sur le domaine public communal. Une intrigue qui n’est pas sans rappeler une autre saga, « Hiver rude, homme blanc couper du bois ».
« J’avais l’autorisation verbale du maire. Je m’en servais pour me chauffer », insiste l’agent qui a alors revêtu sa veste de bûcheron Canadien. Jusqu’à ce que celui-ci n’aille faire un tour côté coulisses sur le célèbre Boncoin.
Bah oui je venais de changer mon système de chauffage. J’avais installé un poêle à granulés. Mon collègue ne voulait pas du bois restant. Mais je n’en ai pas vendu plus de 5 à 6 stères ».
Il est alors tant de dégainer pour le quinquagénaire, « le maire est imbu de sa personne. Il est fier. Il ne supporte pas que l’on discute ses choix. Tous les agents de la commune le craignent. Je ne le supportais plus. J’ai craqué. J’ai dit mes 4 vérités au maire ».
Voire de balancer, mais juste un brin, « avant mon départ de la mairie, il m’a croisé dans les escaliers. Il m’a dit : ce que tu m’as fait, tu vas le payer cher ». Fin de cette intrigue insoutenable, « C’est pour ça que je suis là aujourd’hui ! »
Une amende de 5 000 euros
Le ministère public en préambule de ses réquisitions, ressort de derrière les fagots un vieux Scopitone, « Le panier de crabes ». Pour autant il n’adhère pas au scénario de celui-ci. Une amende de 5 000 euros avec sursis est requise.
La défense endort son public avant de basculer dans le psychodrame, « la mairie de Saint-Médard, c’est l’omerta ». Et puisque la couleur verte et le social sont politiquement corrects par les temps qui courent « ramasser ce bois ça profitait à tout le monde. C’était à la fois simple et écologique ».
Clap de fin de ce très long métrage de deux heures : la relaxe est plaidée.
Devant un tel scénario où se mêlent selon la défense, « le Code Civil, le Code Rural et le Code Pénal », le tribunal a décidé de consacrer son été à visionner les rushs de « Saint-Médard-d’Aunis, c’est Dallas ton univers impitoyable ? ». Il prononcera son délibéré le 1er septembre prochain.
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