Selon une étude de l’Apec, un cadre sur trois envisage une reconversion professionnelle. En réalité moins d’un sur dix passe à l’action. 

Deux ans après la fin du déconfinement en France, alors que la crise sanitaire a favorisé les périodes de réflexion et les attentes des cadres, une minorité d’entre eux franchit réellement le cap d’une reconversion professionnelle.

C’est ce que révèle la dernière étude de l’Apec. Elle dresse une typologie des reconversions s’appuyant sur une analyse de ses 6 principaux moteurs.

Un fossé entre vouloir et faire

Il existe un décalage entre l’envie de reconversion professionnelle des cadres et sa concrétisation. Si 31 % indiquent avoir un projet de reconversion pour changer de métier, seuls 8% d’entre eux affirment avoir véritablement entamé des démarches. La reconversion est considéré comme une démarche difficile. Elle est perçu ainsi par 56% de cette catégorie socio-professionnelle.

Ils appréhendent plus particulièrement le fait de pouvoir juger de la viabilité de leur projet en début de parcours (46%). Ou bien de leur capacité à convaincre les différents interlocuteurs qu’ils auront à rencontrer (54%).

Les envies de changement des cadres ont été boostées ces dernières années, à la faveur d’une crise sanitaire propice à l’introspection. Symptôme de ces nouvelles aspirations, la reconversion professionnelle répond à plusieurs problématiques comme la gestion de carrière ou encore la relation au travail et à l’entreprise, voire l’insatisfaction professionnelle ou le désengagement. » Gilles Gateau, directeur général de l’Apec.

Les 6 typologies de reconversion
– La reconnexion à une passion : le souhait de transformer une passion en métier ou de revenir vers une vocation abandonnée
– La quête de sens : le désir de s’orienter vers des métiers avec du sens et qui correspondent à ses valeurs
– La nécessité de rebondir : le besoin de retrouver un emploi et/ou de préserver sa santé physique ou psychologique
– Le désir de promotion sociale : la recherche d’une ascension professionnelle et sociale avec la volonté d’obtenir un meilleur statut et plus de responsabilités
– La recherche de meilleures conditions de travail ou de vie : la volonté de se réorienter pour améliorer ses conditions de travail et sa qualité de vie
– L’envie d’un second souffle : la nécessité de dépasser une certaine lassitude et de donner une nouvelle dynamique à sa carrière

La peur de l’inconnue

Sans en oublier, les certains sacrifices à consentir. Dans le cadre d’une reconversion, 42% des cadres sont prêts à accepter une rémunération plus faible ou des horaires plus importants (41%), voire à renoncer à certains avantages comme le statut de cadre (50%).

En outre, la peur de se tromper (34%), le sentiment de ne pas avoir les moyens financiers (28%) ou la peur d’avoir de moins bonnes perspectives de carrière (27%) constituent les principaux freins que doivent surmonter les candidats et candidates à la reconversion.

Je me suis rendu compte assez vite dans les cours et dans l’alternance, que les ressources humaines n’étaient pas faites pour moi, ça faisait peur, parce que j’avais fait toutes mes études dans les ressources humaines et finalement je ne savais pas quoi faire d’autre ». Julie, 26 ans, ancienne chargée de recrutement RH, devenue conseillère clientèle dans le secteur bancaire.

Un changement de métier sans changement radical. Seuls 15 % des cadres ayant un projet de reconversion optent pour un métier totalement différent. Dans plus de 6 cas sur 10, le choix s’oriente vers un poste proche de leur métier actuel.

Méthodologie :
Une enquête en ligne réalisée par l’APEC en juin 2022 auprès d’un échantillon de 2004 cadres salariés du
secteur privé, représentatif en matière de sexe, d’âge, de secteur d’activité, de taille d’entreprise et de
région.

[the_ad id= »2951″]