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La Rochelle. Procès du Bataclan, « une page s’est tournée, mais le livre ne s’est pas refermé »

Partie civile parmi tant d’autres dans le procès du Bataclan, l’avocat Rochelais Grégory Doranges revient sur 10 mois de débats qui se sont tenus dans un contexte hors norme.

Maitre Dorange, avocat de Jessica ©Yannick Picard
Maitre Grégory Doranges, l’avocat de Jessica. (©Yannick Picard).

Le 29 juin dernier s’est achevé devant la cour d’assises spéciale de Paris, un procès qui marquera l’histoire judiciaire. Parmi les 300 avocats qui s’étaient constitués partie civile, le Rochelais Grégory Doranges a accompagné Jessica, victime d’un traumatisme psychologique.

La jeune femme est aujourd’hui âgée de 24 ans. Le soir des attentats elle s’était spontanément portée au secours des victimes qui tombaient sous les balles de leurs assaillants.

Plus tard l’esprit de Jessica était tourmenté, « pourquoi je suis allée sauver cette personne plutôt qu’une autre ? ». Durant 20 minutes, le 22 octobre, celle qui était réserviste dans l’armée au moment des attentats s’est exprimée face aux magistrats. Une sorte de libération de la parole.

A la sortie de mon témoignage, une victime du même type de traumatisme que moi, mais qui ne s’était pas constituée partie civile est venue me voir. Elle m’a dit qu’au travers de mon témoignage, elle s’était enfin reconnue elle aussi comme victime. Je me suis laissée porter tout au long de ce procès. J’en tire maintenant plus du positif que du négatif « .

Jessica se sent aujourd’hui totalement reconnue comme victime même si sa chair n’a pas été directement meurtrie, « avant je m’interdisais d’aller mal ». Maintenant elle reconnaît, « une page s’est tournée, mais le livre ne s’est pas refermé. Il va falloir donner du temps au temps. La justice a été rendue. J’ai dorénavant plein de choses à faire ».

Une thérapie très longue

La jeune femme est toujours suivie sur le plan psychologique dans une thérapie qui s’annonce très longue. À procès hors normes, plaidoirie hors normes.

Nous avons créé des groupes et des sous-groupes de plaidoiries. Mon but était de faire passer un message : il n’y a pas que les blessures physiques « , explique Me Grégory Doranges.

Tout au long du procès, l’avocat Rochelais est monté une dizaine de fois à Paris. À l’issue, son sentiment est mitigé, « le procès s’est bien passé. La justice a réussi à trouver les moyens. Mais pour d’autres procès avec les mêmes enjeux, il y a beaucoup moins de moyens ».

Malgré tout, le positif prévaut, « nous avons le sentiment d’avoir été écoutés. Toutes les parties se sont respectées. La justice doit être fière de ce qu’il s’est passé durant ces 10 mois. La défense a été de qualité. Curieusement nous n’avions pas le sentiment d’être devant une cour d’assises ».

Un second volet s’ouvre maintenant pour Jessica et Grégory Doranges : celui de l’indemnisation. Par ailleurs, les condamnés n’ont pas fait appel des décisions, ni le parquet anti-terroriste. Les peines prononcées sont donc définitives.


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