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La Rochelle : le procès de l’accident du car à Rochefort s’est ouvert ce 28 mars

Six ans après les faits, le drame du car cisaillé par la ridelle d’un camion de la société Eiffage dans lequel six adolescents avaient perdu la vie, vient de débuter pour trois jours à La Rochelle.

Le procès de l'accident de car de Rochefort s'est ouvert ce 28 mars dans l'émotion. (©Yannick Picard)
Le procès de l’accident de car de Rochefort s’est ouvert ce 28 mars dans l’émotion. (©Yannick Picard)

C’est dans la salle des pas perdus du tribunal de commerce de La Rochelle, Hôtel de la bourse, transformée en salle d’audience afin d’accueillir les nombreuses parties civiles que s’est ouvert le procès de Mathieu Saurel.

Ce dernier qui n’avait que 23 ans le 11 février 2016, chauffeur du camion pour l’antenne de la société Eiffage de Rochefort est le seul poursuivi pour homicides et blessures involontaires. Après six années d’instruction, son employeur a bénéficié d’un non-lieu.

Une émotion palpable

L’ambiance apparaît sereine et apaisée à l’ouverture des débats. Même si l’émotion est palpable chez les 42 parties civiles présentes. Elle finira par l’emporter, lorsque certaines d’entre elles viendront témoigner à la fin de cette première journée d’audience.

Mathieu Saurel est décrit par son chef d’agence comme un employé, « poli, très sérieux et pointilleux. Il venait me serrer la main le matin. C’était assez rare ». Malgré tout ce matin-là, le chauffeur qui travaillait chez Eiffage depuis trois ans, a-t-il fait preuve de négligence ou d’inadvertance ?

Pour deux experts appelés à témoigner, la ridelle était bien ouverte lorsque Mathieu Saurel a quitté le dépôt en direction de l’usine d’enrobé de Soubise. Lui évoque, « un trou noir ». La salle gronde. Deux minutes seulement après son départ il croise la route du car Kéolis qui assurait la ligne entre l’Île d’Oléron et Surgères.

Il est 7h10. Deux témoins circulant en voiture assurent avoir vu le camion d’Eiffage rouler la ridelle ouverte à 90°. À l’époque la loi n’obligeait pas de tel camion à être équipés d’une alarme de sécurité au tableau bord pour signaler que la lame d’acier était restée ouverte. « Notre seul moyen de contrôle c’était le rétroviseur », assure l’accusé.

Mais ce jour-là il fait nuit, il pleut et Mathieu Saurel explique être concentré sur sa route. Encore plus lorsqu’il voit le car et s’apprête à le croiser sur une partie rétrécie de la route du port de Rochefort.

À l’intérieur comme à l’extérieur, c’est l’horreur, le carnage. Une des jeunes victimes, blessée lors de l’accident témoigne, « un corps pendait à moitié à l’extérieur du car ». Mathieu Saurel se tient la tête entre les mains.

« Mon fils voulait être pâtissier »

Une autre s’exprime à son tour, « c’était un jour comme les autres. J’allais passer mon bac blanc. C’est pour cela qu’il n’y avait pas grand monde dans le car. Mes yeux s’ouvrent et je vois des morts. À l’extérieur je vois une personne sans vie étendue sous une tôle. C’était mon ami ».

Une troisième rapporte les mêmes propos. Elle se dit brisée à tout jamais, « je suis encore perdu aujourd’hui ». Tout comme ce père de famille qui a perdu son fils dans l’accident, « mon fils voulait être pâtissier. Il avait sa copine. C’était le bonheur. Maintenant je cherche la solitude. Moins on connaît de monde, moins on sera triste lorsqu’il arrivera quelque chose. Depuis l’accident, j’ai interdit tous les noëls, jour de l’an et anniversaire à la maison je me suis mis à mon compte pour être sûr d’être tout seul ».

Une maman qui a également perdu son fils se montre forte à la barre. Avant de s’effondrer à son tour, « on m’a volé un truc. De ce procès je n’attends rien. Mais je serai libérée. Ça ne me rendra pas mon fils. Je vais repartir avec mes blessures ».

Mardi 29 mars, le tribunal judiciaire continuera d’écouter les parties civiles qui souhaiteront s’exprimer. Mathieu Saurel encourt 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende.


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