Politique, Vie des communes

La Rochelle. En Pays d’Aunis, l’Hôpital souffre encore et les soignants font grève

Tout en dénonçant les conditions de travail des soignants, le Syndicat Sud Santé invite « l’hôpital et les établissements hospitaliers de tout l’Aunis » a rejoindre la grève qui se poursuit jusqu’au 8 juin.

CGT hôpital La Rochelle Grève ©Corentin Cousin
Le personnel hospitaliers de Charente-Maritime encore mobilisé ce mardi 7 juin. (©Corentin Cousin)

Les années se suivent et se ressemblent étrangement pour le personnel de santé de La Rochelle comme dans le reste de l’Aunis. Depuis le passage de la pandémie de Covid-19, le « nœud coulant » se resserre autour du coup des soignants et l’hôpital public ne sait plus comment il doit réagir.

Les urgences sont au bord du précipice. 9 syndicats et collectifs hospitaliers ont donc organisé une journée de mobilisation ce mardi, pour réclamer des hausses de salaires et d’effectifs sans attendre le résultat de la « mission flash » commandée par Emmanuel Macron.

De son côté, le syndicat Sud santé a les mêmes attentes mais il a marqué le coup en posant un préavis de grève du 6 au 8 juin.

Mais les soignants ne pourront pas manifester « au vu de l’état actuel de l’Hôpital et des services de santé », souligne Christophe Geffré, secrétaire départemental Sud -Santé pour la Charente-Maritime, toutefois, ils comptent bien faire entendre leur détresse.

A bout de souffle

Au bord de l’implosion, les personnels de l’Hôpital et des établissements hospitaliers de tout l’Aunis n’ont pas hésité à rejoindre le préavis de grève déposé par les syndicats Sud santé et la CGT.

Parmi eux, on retrouve les centres hospitaliers de Rochefort, Marennes, Saint-Pierre-d’Oléron et le groupement de coopération sanitaire et médico-social des Ehpad publics autonomes de l’Aunis comme celui de Marans, Aigrefeuille-d’Aunis, Lagord et Nieul-sur-Mer.

Année après année, c’est le système du nœud coulant. Les moyens publics de santé, les EHPAD et les hôpitaux publics se dégradent constamment. Malheureusement, à force de tirer sur ce nœud, on étrangle nos soignants jusqu’à les étouffer, et bientôt les asphyxier par le manque de moyens », dénonce  Christophe Geffré.

L’ensemble du système de santé semble avoir la tête sous l’eau en Charente-Maritime. Mais pas seulement…En France, au moins 120 services ont été forcés de limiter leur activité ou s’y préparent, selon un décompte fin mai de l’association Samu-Urgences de France.

François Braun, président de l’association, a d’ailleurs été retenu par le gouvernement pour rendre les conclusions de la «mission flash» au chef de l’Etat d’ici fin juin afin de « regarder service d’urgence par service d’urgence et Samu par Samu, territoire par territoire, où il y a des besoins », a expliqué Emmanuel Macron dans un entretien à la presse régionale vendredi 3 juin, promettant de « prendre des décisions d’urgence dès juillet ».

Hôpital La Rochelle - Grève ©Corentin Cousin
Les syndicats dénoncent la politique de santé d’Emmanuel Macron et son inefficacité selon eux. (©Corentin Cousin)

Le Ségur n’a fait qu’amplifier le phénomène au lieu de résoudre les problèmes, et face à la crise sanitaire, on a été utilisé par les managers, soit le ministère de la santé, soit les ARS ou encore les directeurs des établissements, pour accentuer le management industriel et la transformation des établissements publics en usine à soins qui doit être absolument de plus en plus rentable », ajoute François Braun.

Seulement, le syndicat Sud santé s’interroge sur cette arrivée un peu tardive de l’intervention de l’Etat après un Ségur de la santé jugée « inefficace et contre-productif ». Manque de lits, pénurie de soignants, maltraitance…Depuis plus de trois ans, l’Hôpital public souffre en Charente-Maritime.

« Une mission flash ball »

Sur place, ce phénomène se manifeste par accès aux soins de premiers recours de plus en plus compliqué. Pour Sud santé, l’hôpital n’assure plus son rôle de service public d’accueil en dernier recours.

Les services d’urgence ferment les uns après les autres, ou restreignent l’entrée, et les retards de prise en charge se multiplient d’après des témoignages.

On est au mois de juin, on est déjà dans la misère, les services craquent de partout, et on a peur de ce qui va se passer cet été, en sachant qu’on a aucune illusion sur ce que va proposer Macron et le gouvernement avec sa mission flash qui sera certainement une mission flash ball plutôt qu’autre chose », souligne le secrétaire départemental de Sud-santé.

Hôpital La Rochelle Tente ©Corentin Cousin
Pour défendre l’Hôpital, les grévistes sont allés jusqu’à dormir dans le hall de l’hôpital de La Rochelle. (©Corentin Cousin).

Une situation tendue qui a poussé le syndicat Sud Santé a décidé d’occuper l’hôpital de La Rochelle jusqu’à demain. Quelques tentes ont été installées dans le hall dès lundi. Le mouvement de grève était lancé.

C’est l’hôpital pivot de tout le groupement hospitalier, il concerne tout l’Aunis, et nous, on essaye aussi de faire monter la résistance face au projet du nouvelle hôpital qui va certainement aggraver la situation qu’on connait aujourd’hui », détaille Christophe Geffré.

Aujourd’hui, Sud santé fait la jonction entre la société civile et le syndicat hospitalier. Et l’objectif du syndicat est d’accroître la pression au-delà de ce mardi de mobilisation.

Deux candidats à la députation, Nordine Raymond sur la deuxième circonscription, et Jean-Marc Soubeste sur la première circo, sont venus écouter les doléances des grévistes qui dénoncent surtout une « privatisation progressive de l’hôpital qui devient « une entreprise publique industrielle de production de soins et non plus en service publique ».

Selon le syndicat, Olvier Falorni a été invité à les soutenir. Le député sortant de la 1ere circonscription n’aurait pas répondu à l’invitation.

Voir les interviews :

Christophe Geffré, infirmier et Secrétaire départemental Syndicat Sud santé de Charente-Maritime.

Nordine Raymond, candidat NUPES à la députation sur la 2e circonscription de Charente-Maritime.

Jean-Marc Soubeste, candidat NUPES à la députation sur la 1ere circonscription de Charente-Maritime.


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