Le tribunal judiciaire de La Rochelle a jugé Eric, accusé d’avoir renversé avec son 4X4 un adolescent parisien dans la nuit du 22 au 23 avril 2018, puis d’avoir pris la fuite.
Ce sont deux familles qui se sont affrontées, dans une salle d’audience du tribunal de La Rochelle pleine à craquer ce jeudi 5 mai. Celle de Rémi venue de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) qui avait perdu la vie dans des conditions tragiques alors qu’il passait des vacances sur l’île de Ré.
Fuite et dissimulation
Et celle d’Eric, un habitant de Saint-Clément-les-baleines et moniteur de paddle, qui le soir du drame avait pris la fuite, puis dissimulé son véhicule sous des bâches après avoir renversé l’adolescent.
L’accident a eu lieu vers 1h30 du matin alors qu’un groupe d’adolescents revenait de la plage avec leurs vélos qui n’étaient pas éclairés. Les versions divergent sur les circonstances de la collision, sur la RD 735, dans un endroit non éclairé de La Couarde-sur-Mer et reconnu particulièrement accidentogène.
Selon les experts et les reconstitutions, le jeune homme alcoolisé a été percuté alors qu’il était pleinement engagé à traverser la route. Les autres adolescents parlent d’une simple roue avant de vélo engagée sur la chaussée. Le choc a été particulièrement violent. Le corps de Rémi sera retrouvé à 70 mètres du reste de sa bicyclette.
J’avais vu des ombres et détourné la tête. Je regarde de nouveau la route et là, je vois un vélo traverser. Le choc a été terrible. Je n’ai pas eu le temps de freiner. C’était un fracas assourdissant. Je vois la personne taper le pare-brise et passer par-dessus la voiture. Il y avait du sang partout et un trou de 40 cm dans le pare-brise », explique le prévenu.
Trahi par un morceau de pare-choc
Le quadragénaire qui était alcoolisé et avait fumé du cannabis peu avant ne s’arrêtera que 200 mètres plus loin, « mon cerveau m’a dit rentre ». Puis il repartira. Peu après il reviendra sur les lieux, pour de nouveau rentrer chez-lui et cacher son véhicule sous des bâches, « j’ai décidé de bâcher la voiture pour que les gens ne puissent pas la voir ».
Ce sera grâce à un morceau de pare-choc retrouvé sur les lieux de l’accident que les gendarmes pourront remonter jusqu’à Eric. Celui-ci sera placé en détention provisoire durant 3 mois, avant d’être mis sous contrôle judiciaire.
La famille particulièrement émue parle de lâcheté et d’imprudence de la part du conducteur, « il roulait trop vite. Vous faite partie de ces criminelles de la route. Vous saviez que cet endroit était dangereux. Même votre mère y avait été victime d’un accident ».
5 ans de prison requis dont 3 avec sursis
Les faits sont évidents pour le ministère public, « vous le reconnaîtrez coupable ». Le procureur de la République pointe une vitesse trop élevée de la part du prévenu. Tout en reconnaissant que les vélos n’étaient pas éclairés.
Une peine de 5 ans de prison dont 3 avec sursis et le reste aménagé en bracelet électronique est requise à l’encontre du quadragénaire dont le casier comporte une mention pour conduite sous l’emprise de l’alcool. La défense plaide la relaxe sur l’homicide, « les reconstitutions ont prouvé qu’il était impossible de voir le vélo. Pour le délit de fuite, je n’ai rien à dire ».
Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 7 juillet.
[the_ad id= »2951″]