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Érosion côtière : la CdC de l’Île d’Oléron avait déjà anticipé le plan du gouvernement

Le 30 avril dernier, le gouvernement a publié les noms des 126 communes françaises qui devront en priorité s’adapter à l’érosion du littoral. Parmi elles, on retrouve 10 communes de Charente-Maritime. Et pourtant.

La CdC de l’Ile d’Oléron avait anticipé le plan du gouvernement en mai 2021. (©CdC de l’Ile d’Oléron)

Le gouvernement a publié au Journal officiel les noms des 126 communes françaises qui devront s’adapter à l’érosion du littoral, aggravé par le réchauffement climatique. Fausse bonne nouvelle ?

Parmi les 126 communes, dix d’entre elles sont situées en Charente-Maritime. Elles ont toutes été listées en annexe d’un décret rattachée à la loi Climat et résilience de 2021 qui les oblige à adapter leur politique d’urbanisme et d’aménagement pour se protéger de l’érosion du littoral ».

Seulement, certaines communes en Charente-Maritime – comme sur la côte oléronaise – avait déjà anticipé depuis longtemps ce phénomène. Alors, ces nouvelles obligations n’arrivent-elles pas trop tard ?

« On avait largement anticipé ce problème »

Si ce décret impose aux municipalités des restrictions d’urbanisme, selon un article du code de l’environnement, les huit communes de l’Ile d’Oléron, comme Saint-Georges-d’Oléron (figure dans la liste), ont déjà un coup d’avance sur le gouvernement.

On s’inscrit dans ce décret parce que l’état l’a fait pour toutes les communes du littoral qui sont en danger. A Oléron, on était absolument conscient de ce problème et on avait déjà largement anticipé ce problème d’érosion et/ou de submersion », résume Dominique Rabelle, maire de Saint-Georges-d’Oléron.

La cartographie de l’évolution du trait de côte à 30 et 100 ans, terrains constructibles inclus, demandée par le ministère de la Transition écologique dans le décret, a déjà été réalisé par la CdC de l’Ile d’Oléron.

Nous avons déjà réalisé les cartes des risques d’érosion sur le littoral de 30 à 100 ans demandées par le gouvernement. Elles ont été faites par un cabinet en mai 2021. Avec la communauté de communes, on a déjà établi une stratégie foncière. On a fait une carte très détaillée des zones à risque sur notre territoire », explique la conseillère départementale.

Les communes n’ont pas toutes les mêmes problématiques géographiques, et n’ont pas toutes les mêmes vulnérabilités, la communauté de communes de l’île d’Oléron a donc classé chaque territoire dans des zones spécifiques colorées.

Outre ces dérogations, le décret prévoit également que dans les trente prochaines années, dans les zones menacées, les nouvelles constructions seront interdites. Et dans les zones sensibles, d’ici 30 à 100 ans, il faudra démolir à terme. Mais les élus de l’île avait déjà tout anticipé.

À chaque fois que nous avons défini les secteurs. Nous nous sommes référé aux risques et nous nous sommes posés la question des enjeux pour les biens et les personnes. Intérêt général ? Infrastructures publiques ? Activités économiques ? Humaine ? », se réjouit la maire.

Ces zones, répertoriées par un cabinet embauché par la CdC de l’Île d’Oléron, vont alors servir à mieux comprendre les problématiques du territoire liées à l’érosion côtière et les risques de submersion.

« Tout est bien répertorié », selon la conseillère départementale. Ils se sont également penchés sur les enjeux d’intérêts privés comme les zones naturelles urbaines aménagées. Rien n’a été laissé au hasard.

« Une carte extrêmement détaillée »

Sur les 100 km de la côte oléronaise, cinq zones ont été défini par la CdC de l’Île d’Oléron sur une carte extrêmement détaillée de toutes les zones à risques.

Le fait que l’état nous invite à signer le décret ne change donc pas beaucoup nos plans puisqu’on a déjà mis en place une stratégie locale de gestion du trait de côte du littoral de l’Île d’Oléron avec un cabinet en mai 2021″, précise Dominique Rabelle.

Unanimement, les huit communes ont établi un diagnostic des risques. Elle permet de différencier les zones sensibles à la submersion et les zones sensibles à l’érosion.

Une première zone rouge concerne les territoires soumis aux risques de submersion marine. On a une zone orange. Elle concerne les secteurs soumis au risque érosion qui peuvent entraîner une submersion marine future (liée à l’érosion). La zone jaune cible toutes les zones soumises au risque d’érosion.« , détaille la conseillère départementale.

Les deux dernières zones cartographiées par la CdC concernent les secteurs sans enjeux soumis au risque érosion (zone naturelle) et les secteurs sans risque avec des gisements sableux ou de l’ensablement.

Tout le tour de l’Île d’Oléron a été classé, 12 km de notre côte sur les 100 km sont classés en zone rouge », ajoute-t-elle. 

Le trait de côte est surveillé de près. Ce décret du gouvernement n’a donc pas eu d’effet sur l’Île d’Oléron. De plus, le décret n’a ciblé qu’une seule commune alors qu’elles sont toutes concernées par ce phénomène climatique selon la maire de Saint-Georges-d’Oléron.

« Les 8 communes sont menacées par l’érosion côtière »

Sur les 126 communes répertoriées par le gouvernement, seules 10 communes sont menacées en Charente-Maritime d’après le décret défini dans le cadre de la loi Climat et résilience de 2021.

Les 10 communes en Charente-Maritime
– Île-d’Aix
-Arces
– Les Mathes
-Saint-Palais-sur-Mer
-Fouras
-Saint-Georges-d’Oléron
– Talmont-sur-Gironde
– Port-des-Barques
– L’Houmeau
– La Brée-les-Bains

Pourtant, la maire de Saint-Georges-d’Oléron et ses homologues oléronais ne sont pas tout à fait d’accord avec cette liste.

J’ai vu qu’il n’y avait qu’une seule commune sur l’île d’Oléron concernée par ce nouveau décret, hors les 8 communes sont menacées par l’érosion côtière et les risques de submersions marines », s’étonne la 2e Vice-présidente de la CdC de l’Île d’Oléron.

Ces propos font écho à la déclaration d’Élodie Martinie-Cousty, pilote du réseau océan mer et littoral de l’ONG France Nature Environnement, qui avait déclaré que « ces 126 soi-disant prioritaires sont ridicules par rapport aux 864 communes menacées ».

Selon les chiffres officiels, 864 communes sont « plus particulièrement vulnérables » aux submersions marines, phénomènes d’inondation temporaire des zones côtières par la mer, notamment lors des tempêtes, qui vont augmenter avec la hausse du niveau de la mer provoquée par le réchauffement climatique.

Et 1,5 million d’habitants vivent dans ces zones inondables littorales. Les nouvelles dispositions « ne sont pas adaptées aux enjeux », estime Élodie Martinie-Cousty.


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