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Île d’Aix. La tutrice de l’artiste Nicole Praden lui a vidé ses comptes, 47 000 euros envolés

Une commerçante de l’île d’Aix, amie de l’artiste peintre bien connue Nicole Praden, avait profité de son état de faiblesse, pour lui soutirer près de 47 000 euros et laisser une ardoise de 20 000 euros à ses héritiers.

Tableau de Nicole Praden ©Nicole Praden
La Femme au canapé de Nicole Praden. (©Nicole Praden)

Une  sexagénaire a comparu le 15 décembre devant le tribunal judiciaire de La Rochelle pour abus frauduleux de la faiblesse d’une personne vulnérable. Ce jour-là à la barre, Régine a reconnu a minima avoir utilisé 27 formules de chèque pour un montant total de 46 850 euros qui appartenaient à son amie Nicole Praden, dont elle avait la tutelle.

Les faits se sont déroulés entre août 2016 et mars 2019. Durant cette période et jusqu’au décès de l’artiste, Régine devient sa tutrice. « Elle était résidente de l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) de Fouras. De sa chambre, elle avait une vue sur l’île d’Aix, là où elle avait une maison », explique la prévenue.

Aucune reconnaissance de dettes

Celle-ci y avait un commerce dont elle a toujours eu la gérance, mais qui ne fonctionnait pas bien. « Oui j’ai fait des chèques avec le chéquier de Nicole. Mais c’était des prêts. Elle avait toute sa tête. Je l’aurais remboursée. Je lui disais que j’étais en galère avec mon commerce », insiste la commerçante.

Aucune reconnaissance de dettes ne figure dans le dossier. Le tribunal n’adhère pas à la version livrée à sa barre par Régine, « la victime était placée en unité protégée. Elle était atteinte de la maladie d’Alzheimer. Comment auriez-vous pu la rembourser puisque vos affaires ne se portaient pas bien ? »

L’affaire démarre en fait en mars 2019, lorsque le juge des tutelles de Rochefort est mis au courant du décès de l’artiste peintre, alors âgée de 86 ans. Depuis sa mise sous tutelle aucun document de gestion ne lui a été transmis par Régine. Celle-ci s’en défend, « j’ai tout posté le 19 mars 2020, mais pas en recommandé. C’était en pleine période du Covid ». Aucun document n’est parvenu au juge des tutelles.

« Les comptes étaient tellement vides que les règlements des derniers mois de résidence dans l’Ehpad de Fouras n’ont pas été honorés. Vous avez laissé une dette de 20 000 euros aux héritiers de la victime », martèle le tribunal.

Condamnée à 12 mois de prison

Sur ces derniers dont une partie s’est constituée partie civile, la prévenue n’est pas tendre, « en 10 ans aucun d’eux n’est venu lui rendre visite. Et aujourd’hui ils parlent d’écrire un livre sur elle et de créer une fondation ? Moi je venais tous les deux jours et déjeuner avec elle tous les dimanches ».

Pour la partie civile, « la prévenue ment. Oui 500 tableaux de Nicole Praden ont bien été donnés pour une fondation au soutien des artistes ». Côté ministère public, l’avis va dans le même sens,  » la prévenue a usé et abusé de la tutelle. Elle a profité de l’aubaine : allons-y Lisette ». Une peine de 12 mois de prison et une amende 5 000 euros sont requises à l’encontre de la commerçante dont le casier judiciaire est vierge. Pour sa seule défense, Régine assure, « je reconnais avoir fait une bêtise ».

La commerçante de l’île d’Aix a écopé de 12 mois de prison et d’une amende 10 000 euros. Elle devra également indemniser les parties civiles à hauteur de leur préjudice.


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