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Affaire du bus de Rochefort : 5 ans de prison dont 3 avec sursis requis à l’encontre du chauffeur du camion

Le procès de l’accident de car qui avait été littéralement cisaillé par la ridelle d’un camion de chantier à Rochefort en 2016 faisant 6 morts, vient de s’achever à La Rochelle avec une journée d’avance.

Me Stéphane Ferry procès bus de rochefort
Me Stéphane Ferry, avocat de la famille Audet et d’une autre au tribunal de commerce de La Rochelle. (©Yannick Picard).

Mardi 29 mars, s’est ouvert la seconde journée du procès de Mathieu Saurel au tribunal de commerce de La Rochelle, qui le 11 février 2016 conduisait un camion de la société Eiffage et dont la ridelle de chargement était restée ouverte à 90 degrés.

Toujours avec autant d’émotion, mais également de dignité, les parties civiles ont continué de s’exprimer dans la salle des pas perdus du tribunal de commerce, transformée en salle d’audience.

La maman de Tanguy, un des six jeunes décédés dans l’accident s’adresse au prévenu, « vous aviez un engin de la mort entre les mains. Il va falloir retrouver la mémoire ».

Un trou noir

Ce fameux « trou noir » évoqué depuis la veille par Mathieu Saurel, irrite toujours autant les parties civiles et leurs avocats. Me Stéphane Ferry revient sur les déclarations du chauffeur de camion, « il reconnaît à demi-mot. Mais ce qui est gênant c’est cette notion de demi ».

Certains parents qui n’avaient osé s’exprimer le lundi en fin d’audience, ont le courage de le faire le lendemain. Certainement l’occasion d’entamer une sorte de deuil, mais dont la plaie restera ouverte à tout jamais.

Tous parlent d’un, « mode de survie » depuis les très longues heures d’attente ce 11 février 2016 qui ont précédé l’annonce officielle de la liste des victimes.

Me Hervé Blanché, également maire de Rochefort depuis 2014 se souvient, « il y avait deux salles pour accueillir les familles. Une pour celles dont les enfants étaient en vie. Et l’autre pour celles dont les enfants étaient décédés. Je savais qu’ils étaient dans la mauvaise salle. Mais je ne pouvais pas leur dire ».

« Florian, Kevin, Axel, Tanguy, Bastien, Yoni »

La voix de l’avocat se met à chevroter, avant de rappeler les prénoms des 6 victimes, « Florian, Kevin, Axel, Tanguy, Bastien, Yoni ».

Mathieu Saurel est, « Monsieur tout le monde », précisera plus tard son avocat. Le casier judiciaire du prévenu ne comporte pas de mention. Le chauffeur licencié par la suite a parfaitement respecté son contrôle judiciaire. Son professionnalisme est loué de tous.

Mais ce matin-là, entre 6 heures 53 et 7 heures 08, Mathieu Saurel n’a pas fait le tour de son camion, pour s’assurer que la ridelle était bien fermée, « oui je suis parti avec la ridelle ouverte, même si j’ai un trou noir ». La funeste suite s’écrira 2 minutes plus tard et 600 mètres plus loin.

Une erreur humaine

« Six ans de procédure, c’est trop long pour un accident malgré tout hors norme », reconnaît le ministère public. Avant de revenir sur les témoignages des deux experts entendus la veille, « il y a deux hypothèses, l’incident technique ou l’erreur humaine « .

Et de conclure, « c’est une erreur humaine et pas une défaillance technique. Il y a la coïncidence, le hasard et l’inattention. Les trois c’est insupportable. Ce trou de mémoire, il agace. Ce n’est pas une amnésie opportuniste ». Une peine de 5 ans de prison dont 3 avec sursis est requise, « ce n’est pas un meurtrier, mais il est responsable ».

En défense Me Thierry Sagardoytho, plaide sur la personnalité de son client, « je ne plaiderai pas la relaxe. Les faits que vous avez à juger sont simples, mais les dégâts considérables. L’enjeu c’est la peine. Il n’y a aucune circonstance aggravante. C’était un employé modèle. Ne le réduisez pas aux simples conséquences de son geste ».

Dernier à prendre la parole, Mathieu Saurel déclare à deux reprises, « je souffre ». Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 5 mais prochain.


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