article, Santé, Vie des communes

Herbicides en Charente-Maritime. Les habitants du village de Montroy et des alentours très inquiets pour leur santé

Une réunion publique s’est tenue le 27 juillet dernier dans le plus petit village de l’Agglomération Rochelaise au sujet de l’importante pollution de l’air à l’herbicide prosulfocarbe.

Reunion Publique Montroy ©Yannick Picard
Une réunion publique à Montroy pour comprendre. (©Yannick Picard)

Depuis le 7 juillet dernier, un sentiment d’insécurité gagne la plaine d’Aunis et plus particulièrement le petit village de Montroy. Ce jour-là, lors du conseil communautaire de l’Agglo Rochelaise, la fédération Atmo Nouvelle-Aquitaine, chargée d’étudier la qualité de l’air, présentait des relevés alarmant de son capteur installé à demeure à Montroy.

Le secteur le plus pollué de France

Pointé du doigt le taux de pollution de l’air au prosulfocarbe qui fait de ce secteur le plus pollué de France à cet herbicide. Julie Méric qui est née et a grandi en Aunis s’est alors fait en quelque sorte lanceuse d’alerte, « j’ai ouvert le 22 juillet dernier la page Facebook « Pour la fin du prosulfocarbe en pays d’Aunis (entre autres) ». Elle compte aujourd’hui 200 abonnés.

Je suis très inquiète du manque de données sur cet herbicide. C’est très opaque. Qu’elles sont les conséquences de ce taux le plus élevé. Et quoi mettre à la place. On se sent très menacés. Les résultats de l’analyse ont révélé 41 pesticides. C’est un véritable cocktail très dangereux ».

La jeune femme assure que sa démarche est totalement apolitique et que cette réunion du 27 juillet dernier, « n’est pas une tribune politique ».

À ses côtés, Anthony Pacreau qui n’habite la commune que depuis un an a été un des premiers à s’associer à la réflexion de la jeune femme, « c’est une démarche citoyenne. Il n’est pas question pour nous de faire de l’agribashing primaire. Nous avons juste envie de comprendre ».

Un nombre de pesticides dans l’air en hausse

Entre 2019 et 2021, les relevés Atmo à Montroy montrent que le nombre de pesticides dans l’air est passé de 33 à 41. Avec la présence de fameux prosulfocarbe utilisé d’octobre à novembre et dont l’une de ses caractéristiques principales est sa volatilité. « On ne peut pas nier qu’on le retrouve là où on ne voudrait pas le retrouver », ne cache pas Roger Gervais, le maire de Saint-Médard-d’Aunis et agriculteur en retraite.

À la lecture des relevés Atmo, les élus communautaires ont pris un moratoire sur l’utilisation du prosulfocarbe qu’ils ont directement adressé au ministère de l’agriculture. Le document est resté lettre morte auprès du nouveau ministre Marc Fesneau.

Nous devons avoir deux visions : une à courts termes et une à longs termes. Pour la première c’est l’encadrement de l’utilisation de l’herbicide en octobre et novembre prochains. Ensuite il faudra réfléchir à ce que l’on met à la place. Et que cette solution ne soit pas plus toxique », rapporte Anne-Laure Babault, la nouvelle députée de la seconde circonscription de la Charente-Maritime.

Une première piste que veut bien emprunter Yohann Robin, agriculteur qui utilise le prosulfocarbe et qui exploite une vingtaine de parcelles autour de Montroy, « sur les parcelles propres je n’utilise pas l’herbicide. Pour les autres, j’ai décidé de diminuer de 50% son utilisation ».

Reste que les chiffres d’Atmo ne font que renforcer la conviction des membres de l’association « Avenir santé environnement« , qu’un lien potentiel entre les cancers pédiatriques et l’utilisation de certains pesticides existe.

Des excès de cancers pédiatriques à Périgny et Saint Rogatien

Tout comme d’ailleurs la récente pollution du captage d’eau potable de Casse-Mortier sur la commune voisine de Saint-Rogatien les alarme. « Le 24 décembre 2020, des analyses avaient révélé une pollution 130 fois supérieure à la limite réglementaire au chlortoluron, un herbicide suspecté d’être cancérogène », rappelle Eric un des membres de l’association. « Selon les chiffres de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) et de la Ligue nationale de lutte contre le cancer, il y a des excès de cancers pédiatriques sur les communes de Périgny et de Saint-Rogatien », conclut le médecin généraliste Éric Dollfus, installé à Charron et président de la Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) Aunis nord.

Voir le PDF de l’ANSES : Prosulfocarbe . Décembre 2018.
Extrait.
Le prosulfocarbe est un herbicide ré-approuvé au titre du règlement n°1107/2009, depuis le 01/11/2009 et jusqu’au 31/10/2019.
Au titre du règlement n°1272/2008, il est classé :
> H302 : Nocif en cas d’ingestion
> H317 : Peut provoquer une allergie cutanée
> H411 : Toxique pour les organismes aquatiques, entraîne des effets à long terme
Le prosulfocarbe a été autorisé en France sur trois des onze cultures répertoriées dans le questionnaire d’inclusion d’Agrican : de 1990 à 2018 sur le blé
et l’orge, de 1994 à 2018 sur la pomme de terre, et sur d’autres cultures ne faisant pas l’objet de questions spécifiques dans le questionnaire d’inclusion
(maraîchage et cultures ornementales).

[the_ad id= »2951″]