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La Rochelle. Maxent Foulon, portrait d’un jeune réalisateur tourné vers l’écologie « positive »

À seulement 19 ans, Maxent Foulon est un étudiant plein de promesses. Originaire de Lagord, ce jeune reporter a déjà publié plus d’une dizaine de reportages sur des problématiques liées à l’environnement. Un cheval de bataille auquel Maxent compte bien apporter des réponses. 

Après deux ans de tournage, Maxent présentera son dernier reportage sur les algues au Musée maritime de La Rochelle le 14 mai à 14h30. (©Maxent Foulon)

Étudiant en lettres à l’Université de La Rochelle, Maxent Foulon est un jeune homme discret, mais déterminé. Avec l’aide de ses parents et de ses amis, il prend plaisir à mener de front mille projets et n’a jamais de temps off (ou très rarement).

Passionné par l’image et défenseur de la biodiversité, il s’est fixé un objectif : parler d’environnement de manière positive en apportant des solutions concrètes à certaines problématiques. Le 14 mai, il présentera au grand public son dernier documentaire de sa série « Ouvre les Yeux » sur les algues au Musée maritime de La Rochelle. Retour sur le parcours de cet étudiant peu ordinaire. Interview.

AunisTV : Pouvez-vous me parler de votre parcours ?

Maxent Foulon : J’ai eu un parcours assez classique. J’ai été au Collège Guiton et au Lycée Vieljeux à La Rochelle. Dernièrement, j’ai terminé ma première année de licence de lettres à l’Université de La Rochelle. Au mois de juin, je vais suivre une formation à l’IFCAM et j’espère y entrer à la fin de ma licence pour être formé aux documentaires animaliers. Puis, j’aimerais suivre et obtenir un diplôme de JRI. J’ai vraiment la volonté d’avoir ces deux casquettes.

À quel moment avez-vous eu le déclic de vous lancer dans l’audiovisuel ?

Au départ, j’ai suivi mon père, il était passionné par la photographie et il a voulu m’initier dès mon plus jeune âge. Il m’a appris les bases, mais je n’étais pas trop intéressé par ce format, et puis je n’ai jamais vraiment accroché à ses explications trop scolaires (rire). Après ce premier pied mis à l’étrier, j’ai commencé à faire de la vidéo avec un stabilisateur et un téléphone avant de récupérer l’appareil photo de mon père.

Vous êtes naturellement orienté vers la vidéo

Comme je le dis toujours, je préfère ce qui est animé même si la photographie peut aussi véhiculer un message vivant. J’ai donc commencé avec des vidéos de paysages quand je partais en vacances avec mes parents, principalement en France, et j’ai vu que ça plaisait pas mal. Progressivement, j’ai commencé à m’améliorer et j’ai publié mes premières vidéos sur les réseaux sociaux. La plus marquante, c’est la vidéo sur la Bretagne. Juste avec des paysages, la vidéo a atteint 10 000 vues ! C’était un peu quelque chose d’inespéré !

On peut parler de prise de conscience ?

À la base, je voulais simplement montrer aux gens ce que je savais faire. À ce moment-là, j’avais déjà une « conscience écologique » assez simple à la maison et j’ai décidé d’allier ces deux expériences à travers mes reportages. En faisant mes vidéos de paysage, je me suis rendu compte que je ne pouvais pas faire tel type de prises de vue parce qu’il y avait des déchets dans l’axe de la caméra. Je me suis dit : » ça ne sert à rien de les cacher tous ces déchets, il y a 10 000 personnes potentielles qui peuvent voir mes vidéos et toutes ces personnes-là, je peux les sensibiliser ».

Tout cela est parti d’un concours qu’on m’a proposé sur la thématique de l’environnement. En 5 min, je devais faire une vidéo pour parler de l’avenir de manière positive en apportant des solutions et une interview. Malheureusement, ce concours créé par l’ONG Désirs d’Avenir pour la Planète de Ségolène Royal n’a finalement pas eu lieu. Après une courte expérience à C 17, j’ai décidé de me consacrer à mes vidéos et à ma page Facebook.

J’ai donc publié ce petit reportage de 5 min qui n’avait pas pu avoir sa place au concours. Et lui, il a plus que bien fonctionné. Il atteint en à peine deux semaines 50 000 vues. Je ne pensais pas non plus pouvoir toucher autant de gens avec un reportage aussi peu professionnel. Pourtant, le succès a été immédiat. À partir de là, mes parents m’ont poussé à participer à d’autres concours.

Vous avez obtenu plusieurs prix…

J’ai été double lauréat en 2019 et en 2020 du prix de Meilleur Jeune Reporter pour l’Environnement dans la catégorie 15-18 ans pour deux reportages : Notre Avenir Commence Maintenant et « Ouvre les Yeux : les Océans ». J’ai également représenté la France au concours international en 2019 avant d’obtenir le diplôme coup de cœur du jury en 2019 et de la meilleure réalisation en 2020 au Festival du film d’exploration Lumexplore Junior de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer.

Qu’est-ce qui motive dans la réalisation ?

Après la publication de mes premiers reportages, j’ai vraiment aimé faire ce travail de recherche, d’enquête et d’échange. Être derrière la caméra, au montage… C’est cet ensemble qui m’a vraiment plu. Je suis donc reparti à réaliser d’autres petits reportages et j’ai évolué dans ma technique et dans mon approche des sujets. J’ai réalisé Solution Zéro Déchets en 2020 et j’ai lancé ma série « Ouvre les Yeux » avec un premier reportage sur l’hypnose.

Justement, comment choisis-tu tes sujets ?

Je choisis les sujets qui m’intéressent personnellement. Je me pose les questions sur un sujet et j’y réponds en faisant un reportage. Par exemple, avec mon premier reportage sur l’hypnose, je me suis posé la question « Comment ça marche ? » et je me suis lancé…au lieu d’aller chercher des réponses sur internet souvent biaisés, je suis directement allé à la rencontre d’hypnotiseurs pour leur poser les questions dont j’ai envie de leur poser. Pas de lien avec l’actualité.

Il y a aussi l’environnement…

Oui, effectivement, je me suis réorienté sur l’environnement avec le reportage « Ouvre les Yeux : les Océans », doublement récompensé du prix du meilleur jeune reporter sur l’Environnement. Cette vidéo m’a complètement relancé et m’a conforté dans mon choix de carrière. J’ai don continué avec ce format « Ouvre les Yeux » en faisant d’autres documentaires comme Sea Sheperd, les Abeilles ou encore Les Algues. J’ai également lancé un autre format qui s’appelait « En moins de 6 », soit une interview en moins de six minutes, mais je n’ai pas vraiment été convaincu par cette expérience. Il n’y avait ni le fond ni la forme. J’ai décidé d’arrêter et de me consacrer à 100 % à « Ouvre les Yeux » en développant le format de manière différente.

As-tu des modèles ? Des inspirations ?

En 2019-2020, mon principal modèle a beaucoup été Hugo Clément. Je suis admiratif de son travail sur Kombini et sur FranceTV. Généralement, il choisit une thématique, il fait intervenir plusieurs points de vue, croise les opinions et apporte des solutions concrètes aux problématiques posées dans son reportage. Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’on a perdu cette ligne directrice. Il est surtout tourné sur le négatif et le côté alarmiste de la situation climatique. Il y a aussi Yann Arthus-Bertrand ! Il y a toujours le fond, la forme et il véhicule un message. C’est ça le plus important dans notre métier !

Vous avez voulu vous détacher de cette position alarmiste dans vos reportages ?

Je ne suis pas contre cette position alarmiste de la situation, mais c’était dernièrement surtout tourné sur le négatif, et au final, je fais quoi en tant que citoyen ? Je suis sur mon canapé, je regarde le documentaire, je termine, je vais me coucher, mais rien ne change dans ma vie alors qu’on peut en tant que reporter/journaliste apporter des solutions et c’est à nous de les apporter quand il y a un problème. Avec le documentaire sur les abeilles ou les algues, par exemple, on parle de sujets complexes et parfois tristes, pour autant, on a apporté des solutions. C’est quelque chose de simple et cela ne prend pas beaucoup de temps.

Quelle est votre position concernant la place de l’environnement dans les médias ?

On ne parle pas assez de l’environnement dans les médias, et les politiques font beaucoup trop de « green washing« . Pourtant, on a tous vu les dernières conclusions du rapport du GIEC. Pour moi, c’est aux médias et aux journalistes d’apporter des solutions. Quand je vois les reportages au JT, je tombe de haut. Mais ils n’apportent aucune solution et c’est ce que doit faire un journaliste. Il faut que ça change, c’est ma vision du métier. J’espère que ça se fera et rapidement.

Quelques actualités dans les prochaines semaines ?

Oui, exactement. C’est le sprint final du documentaire « Ouvre les yeux : les Algues » avec une première diffusion auprès du grand public qui se fera sur réservation au Musée maritime de La Rochelle le 14 mai à 14 h 30 en présence de la compositrice et du spirulinier présent dans le reportage. Sinon, je vais continuer à travailler sur le format Ouvre les yeux. J’ai d’autres idées en tête. Je vais essayer de trouver des producteurs intéressés pour acquérir « Ouvre les Yeux : les Algues ». Mon objectif est de diffuser ce format sur une chaîne régionale ou nationale.


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