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Surgères : huit mois après son agression, le garagiste a encore des séquelles

Huit mois après avoir été frappée violemment au visage, la victime n’est toujours pas remise de l’agression qu’elle a subie devant son garage automobile de Surgères en septembre 2020.

Garage surgères agression garagiste ©Y.Picard
Hospitalisé, le garagiste de Surgères a vu son interruption temporaire de travail (ITT) fixée à 34 jours. (©Odette Huet).

Encore trop marqué par la violence de la scène et sa mémoire lui faisant en partie défaut, Thierry âgé de 50 ans, n’est pas venu s’asseoir le 10 mai dernier sur le banc des parties civiles du tribunal judiciaire de La Rochelle. Son épouse et son avocat sont venus se faire l’écho des souffrances endurées depuis le 12 septembre 2020 par le garagiste Ford de Surgères.

Ce jour-là il traverse la rue devant son commerce avec une pelle à la main. Une voiture pile devant lui, bruit de freinage à l’appui selon un témoin de la scène.

Violent coup de poing au visage

Jérémy en descend. Il se porte à la hauteur du garagiste. Sans raison apparente il lui porte un violent coup de poing au visage. La victime chute lourdement au sol. Elle perd connaissance.

Jérémy remonte dans sa voiture et repart. Hospitalisé, le garagiste a vu son interruption temporaire de travail (ITT) fixée à 34 jours. Le relevé de l’immatriculation partielle de la plaque du véhicule conduit par le prévenu ainsi que les images de la vidéosurveillance ont permis son interpellation.

Face au tribunal il reconnaît bien être l’auteur du coup de poing. Mais n’hésite pas à se victimiser,

il avait une attitude étrange, avec sa pelle à la main. Il faisait exprès de la faire traîner par terre. J’ai senti son regard se poser sur ma fille. J’ai eu peur qu’il s’attaque à ma famille avec sa pelle. J’ai eu peur. Je reconnais que ce n’est pas bien ».

« La victime ne se souvient de rien. Elle a perdu la mémoire », rappelle le tribunal. Jérémy ne démord pas de sa version, « je n’ai aucune raison de mentir. Je pense qu’il m’a pris pour quelqu’un d’autre. Il restait devant le véhicule sans rien dire ».

Le prévenu dément avoir roulé vite ce jour-là, « je venais de partir de la boulangerie 50 mètres avant ». Mais se contredit dans ses déclarations,  » quand j’ai freiné ma femme a failli se manger le tableau de bord ».

Le tribunal revient sur les conclusions de l’expertise médicale de la victime, « une amnésie post-traumatique de 12 jours après l’agression. Peut-être des séquelles à vie ».

Agression d’un buraliste en août 2020

« Eh bien il ne me reste plus qu’à aller faire la circulation avec une pelle alors », répond, Jérémy qui s’enfonce. Encore un peu plus lorsque la magistrate revient sur un coup de poing qu’il avait déjà porté à un buraliste en août 2020, alors que ce dernier lui faisait remarquer qu’il venait de rentrer dans son commerce sans porter de masque.

« Mais je suis convoqué pour quoi au juste. De toute façon je n’ai pas eu le temps de préparer ma défense. J’avais autre chose à faire. Je comprends que le garagiste me charge ». Ce qui n’est pas forcément du goût du tribunal, « Vous êtes agressif ». Jérémy est acculé, « je fais ce que je peux ».

Des propos tout bonnement, « hallucinant », pour Me Jean-Michel Balloteau avocat de la victime et de son épouse. Et d’enfoncer le clou, « mon client a eu une fracture du rocher et une hémorragie cérébrale. Il est resté un mois à l’hôpital puis un autre dans un centre de rééducation spécialisé. Aujourd’hui il a des troubles du langage et momentanément ne peut plus conduire. Son permis est suspendu ».

Du côté du ministère public, « il a voulu en découdre. Ce coup de poing aurait pu entraîner la mort. Le prévenu est dangereux sur le plan criminologique. Dès qu’il est frustré, il frappe ! ».

Dix-huit mois de prison, dont 9 avec sursis sont requis. Seul pour assurer sa défense, Jérémy met la charrue avant les bœufs, « je souhaiterais faire appel ». Le tribunal lui rappelle qu’il n’est pas condamné.>

18 mois de prison

Mais ce qui le sera dans les secondes qui ont suivi : 18 mois de prison, dont 6 avec sursis, avec une interdiction de contact avec la victime et une obligation de réparer. En effet Jérémy devra rembourser la caisse primaire d’assurance maladie à hauteur de 80 000 euros.

En attendant les conclusions d’une expertise médicale pour le garagiste, son agresseur devra lui verser une provision de 6 000 euros et 3 000 euros à son épouse pour sa demande de dommages et intérêts.


Par Yannick Picard

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