A l’horizon 2024, trois éoliennes devraient être implantées à l’est de la commune d’Andilly. Si la majorité des habitants est pour ou silencieuse, un collectif de contestataires ne veut pas en entendre parler.
Cet article est également constitué d’un reportage vidéo à voir en bas de page.
Le projet d’installer des éoliennes sur la commune d’Andilly-Les-Marais a été lancé par le conseil municipal et son maire Sylvain Fagot en octobre 2016.
Un projet qui réunirait sous forme de « société citoyenne », si elle était créée, la municipalité d’Andilly, la Communauté de communes Aunis Atlantique, l’association « A Nous l’énergie », le fond d’investissement Terra Energie et l’entreprise de Nouvelle Aquitaine Valorem constructeur et exploitant d’éoliennes.
« Entre 2014 et 2016 beaucoup de sociétés ont sollicité la commune pour implanter un parc éolien industriel. Nous avons toujours rejeté ces demandes. On a décidé non pas de subir l’éolien mais plutôt de le maitriser. On a fait un appel à projet pour que le parc qui devrait se développer sur la commune est une vocation citoyenne en impliquant la population et faire en sorte que la gouvernance ne soit pas confié uniquement à un développeur privé », explique Sylvain Fagot, le maire d’Andilly-Les-Marais.
Dernière minute : 11 mai 2021. Les membres du Conseil municipal d’Andilly ont donné un avis favorable au projet d’éoliennes sur la commune. 13 voix pour et une abstention lors d’un conseil extraordinaire.
Trois éoliennes
Une « société citoyenne » qui devrait voir le jour fin 2021 début 2022 et qui aura en charge la gestion du parc de trois éoliennes haute chacune de 210 mètres en bout de pâle et pouvant produire de 38 à 42 Gwh/an si le vent est de la partie. L’investissement est conséquent, de 25 à 27 millions d’euros.
Après 5 ans de travail et de concertation, la création d’un comité de pilotage, d’études d’implantation, de l’impact environnemental, l’aval du Parc naturel Régional du Marais poitevin et du vote d’une majorité d’élus de la Communauté de communes Aunis Atlantique, les emplacements des éoliennes ont été déterminés. Elles devraient être construites à l’est d’Andilly et de la départementale 137 au sud de Sérigny.
Mais en mars 2020, un collectif d’habitants d’Andilly, le CACE voyait le jour pour contester l’installation de ces moulins à vent modernes. Ce collectif revendique à ce jour plus de 400 membres.
Un laboratoire éolien et des cobayes
« Le collectif s’oppose à cette installation car le projet nous parait complètement démesuré et en toute proximité de nos maisons. On qualifie ça de laboratoire éolien dont nous serions les cobayes. Et ce projet est anti citoyen et anti démocratique, il n’y a eu aucune consultation de la population », explique Gérald Canivet, membre actif du Collectif Andillais Contre les Eoliennes (CACE).
Depuis c’est une bataille de communication, de mots, d’arguments et d’actions d’habitants mobilisés qui s’est engagée. Le CACE va jusqu’à évoquer des agissements douteux, de petits arrangements entre élus et agriculteurs et des pressions de la part de Valorem, à la limite de la diffamation voire carrément diffamatoire pour le maire d’Andilly.
« On voit bien que c’est un projet business parce que Valorem fait preuve d’influence et de pression auprès des élus notamment au travers de la politique de petits cadeaux avec un minibus qui a été acheté par Valorem en grande partie et sur lequel il s’affiche et ce la fait plusieurs années que ce bus est sur la commune », indique Gérald Canivet.
Des accusations de corruption à peine déguisées que réfute catégoriquement Sylvain Fagot.
« Les accusations qui sont faites sur le minibus de la commune prouvent le ridicule des opposants puisque ce minibus n’appartient pas à la commune mais à la société Visiocom qui le met à disposition de la commune en échange de différentes publicités qui sont sur le minibus. Valorem apparait bien sur le capot mais il y a 13 autres enseignes sur le minibus et Valorem est loin d’avoir la publicité la plus grande. De plus la mairie paye pour avoir son logo sur le minibus donc nous ne touchons rien mais nous payons 780 euros par an », explique le maire.
Problème de santé ?
Le CACE dénonce également la dangerosité, selon lui, des éoliennes notamment sur la santé des habitants situés non loin des machines en soulevant trois problématiques.
« Ce sont des problèmes qui sont répertoriés de façon claire par l’Académie de médecine : on a des problèmes sur les infrasons, sur les ondes électromagnétiques, on a également les problèmes avec les mouvements stroboscopiques au niveau des gens qui sont sensibles à l’épilepsie. Ces éléments nous font nous inquiéter et nous font nous dire que l’impérieuse nécessité du principe de précaution doit être respectée », souligne Gérald Canivet.
Le document dont fait référence Gérald Canivet est un rapport du 9 mai 2017 de 38 pages édité par l’Académie nationale de Médecine intitulé « Nuisances sanitaires des éoliennes terrestres » et qui est disponible en libre accès sur internet.
Un chapitre du rapport fait mention des infrasons générés par les éoliennes et qui auraient selon le collectif des effets nocifs sur la santé. L’académie de médecine est moins catégorique.
Ces multiples données suggèrent qu’il est très improbable qu’aux intensités ainsi définies, les infrasons puissent être audibles par l’oreille humaine, ce qui ne signifie toutefois pas qu’ils ne puissent être ressentis…
Autre élément évoqué par le collectif, l’effet stroboscopique des pales sous une certaine lumière qui provoquerait chez certains des crises d’épilepsie. Là aussi le rapport dans sa conclusion indique que…
…Le rôle négatif des facteurs visuels ne tient pas à une stimulation stroboscopique. Si celle-ci peut certes provoquer à certaines heures de la journée et dans certaines conditions une gêne assimilée par les plaignants à « une alternance d’éclairage et de pénombre » dans leurs lieux d’habitation, le risque d’épilepsie dite photosensible, lié aux « ombres mouvantes » (shadow flickers), ne peut être raisonnablement retenu…
Les observations et les conclusions de l’Académie nationale de médecine ne sont pas aussi tranchées que les avis du collectif. Il reste bon nombre d’interrogations concernant l’impact sanitaire des éoliennes sur les habitants.
Impact psychologique
Mais ce qui ressort principalement de ce rapport c’est l’impact psychologique qu’engendre un changement d’environnement et la dessus l’Académie est claire, il existe et il est trop souvent sous estimé par les porteurs de projet.
Cet impact peut provoquer alors un effet nocébo (à l’inverse de placébo), l’apparition de symptômes aussi divers qu’il y a d’individus et en quelque sorte « auto-suggérés » par une personne, « ayant pour point commun les notions de stress, de gêne, de contrariété, de fatigue… »
« Force est de constater que soit il y a un problème de lecture ou de compréhension chez ces gens là, parce que ce rapport ne dit absolument pas que les éoliennes sont dangereuses pour la santé et j’invite tout le monde à le lire pour que chacun se fasse son opinion », insiste Sylvain Fagot.
Quoi qu’il en soit, le collectif refuse que ces éoliennes s’implantent aussi près des habitations. La plus proche se trouvera à environ 600 m de la première maison (Sérigny) mais son implantation respectera la législation qui impose une distance minimale de 500 m. Quant aux écoles et crèches elles seront à plus d’un kilomètre du parc.
En avril dernier a eu lieu l’Enquête publique lors de laquelle les habitants ont pu s’exprimer librement. Sur 400 avis déposés, le CACE revendique 390 avis contre. Il ne nous a pas été possible de consulter ces avis. Pour rappel la commune d’Andilly compte quelques 2 280 habitants.
L’avenir du projet est maintenant entre les mains du préfet de Charente-Maritime, Nicolas Basselier, mais nul doute que les actions du CACE vont se poursuivre. « Quand on entend les déclarations de certains décideurs comme monsieur Quillet qui je le rappelle est président de l’observatoire des éoliennes du 17 qui dit trop d’éolien tue l’éolien, qui dit que l’on est à saturation de l’éolien. Il est aberrant aujourd’hui que l’on ne prenne pas conscience qu’il faut arrêter le tout éolien », s’indigne Gérald Canivet.
Et pour Sylvain Fagot, le projet éolien doit être subordonné par l’existence de la Société citoyenne sinon, « la municipalité ne supportera plus ce projet ».
Voir le reportage vidéo
Accès au rapport de l’Académie nationale de médecine : Rapport publié en 2017
Par Ludovic Sarrazin.
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