Pascal Massicot, l’ancien maire de Saint-Trojan-les-Bains jusqu’en 2020 et le SDIS 17 devaient répondre au tribunal de La Rochelle d’un homicide involontaire commis en 2016 sur la plage de Gatseau.
Durant plus de six heures ce jeuid 17 novembre, l’ancien maire qui a été également président de la communauté de communes de l’Île d’Oléron et le directeur du Sdis17, Didier Marcaillou, prévenu à titre moral mais qui n’était pas dans ces fonctions au moment des faits, se sont renvoyés la balle sur leur responsabilité dans la noyade du petit Yacouba.
Il est environ 15 heures le jour du drame. Le groupe de la colonie de vacances de la Seine-Saint-Denis dont fait partie le garçonnet et encadré de 4 adultes arrive sur la plage. Il se signale au poste de secours armé ce jour-là par trois nageurs sauveteurs saisonniers du Sdis 17. Une quinzaine d’enfants rentre dans l’eau en compagnie de 3 des 4 moniteurs.
Une première question se pose : étaient ils dans la zone de baignade surveillée et matérialisée par deux piquets aux drapeaux bleus distants de 119 mètres ? Seule certitude, si cette zone était bien matérialisée en largeur, elle ne l’était pas en profondeur, là où à environ 300 mètres de bord sévit un fort courant connu de tous.
Cinq témoins affirment bien avoir vu les enfants dans la zone de baignade surveillée. Les trois surveillants qui n’ont pas été poursuivis dans ce dossier ont toujours soutenu ne pas avoir vu les enfants rentrer dans l’eau.
Une enquête balayée par le tribunal
L’enquête interne de commandement dirigée par le lieutenant-colonel Pascal Couzinier, cité comme témoin à l’audience, est très vitre balayée d’un revers de main par le tribunal et le ministère public : « Partiale ! Ils étaient où les sauveteurs ? ». Ceux-ci n’interviendront qu’une dizaine de minutes après la disparition de Yacouba dans le courant. Son corps ne sera retrouvé que 4 jours plus tard.
Chaque année en fin de saison de surveillance des plages les services du SDIS 17 adressaient un rapport d’activité à Pascal Massicot concernant la surveillance de la plage de Gatseau.
Tous préconisaient une délimitation au large de la zone de baignade. Elle est de la responsabilité du maire jusqu’à une distance de 300 mètres à partir du bord », rappelle le ministère public.
Un an après le drame un nouvel arrêté sera pris par la mairie. « Nous avons mis en place un périmètre au large à ne dépasser », précise l’ancien maire de Saint-Trojan. Durant les six heures de l’audience, les parents du jeune Yacouba se sont montrés particulièrement dignes. Ni l’un ni l’autre ne se sont exprimés. Avant de quitter la salle d’audience, le couple est même allé serrer la main de Pascal Massicot et de Didier Marcaillou.
Ministère public et partie civile sur la même ligne
Peut avant, leur avocat a évoqué un dysfonctionnement articulé entre la mairie et les services du SDIS17 : « C’est une faute grave, car ils avaient connaissance du danger ! ». Le ministère public partage la vision du dossier qu’a la partie civile.
Depuis le début du dossier on nous dit : circulez il n’y a rien à voir. Ils ont failli à l’organisation de leurs services. Mais ce n’est pas dans la nature humaine de reconnaître ses torts. La mort de cet enfant, c’est un dysfonctionnent logistique. C’est un peu lourd ».
Le vice-procureur Thierry May qualifie le témoin du SDIS17 de « sorti du chapeau ». Une peine d’amende est requise à l’encontre du SDIS et de la prison avec sursis pour Pascal Massicot. Sans que le quantum ne soit précisé pour les deux prévenus.
Les deux défenses plaident la relaxe de leur client respectif. Elles se rejettent la faute mutuellement. Celle du SDIS 17 insiste, « la délégation de police n’appartient pas au SDIS ». Quant à celle de Pascal Massicot, elle s’interroge toujours, « ils étaient où les sauveteurs ? ». Le tribunal a mis sa décision en délibéré. Elle sera rendue le 19 janvier 2023.
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