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Marans. Les pécheurs au secours des poissons victimes de la sécheresse

Les débits faibles et les températures élevées de l’eau des rivières du pays de l’Aunis mettent en danger la survie des poissons. Conséquence, plusieurs pêches de sauvetage ont été organisées par l’APPMA de la gaule marandaise.

Les pêcheurs de la Gaule Marandaise organise une opération de sauvetage ce mercredi dans les environs de Marans. (©LudovicSarrazin)

Depuis plusieurs semaines, les rivières sont frappées de plein fouet par une sécheresse qui n’est pas sans rappeler celles de 1976 et de 2003.

Une situation « très préoccupante » pour les pêcheurs de l’association de la Gaule Marandaise et la Fédération de pêche 17 qui veillent « avec les moyens du bord » sur le poisson qui se meurt, victime de la gestion de l’eau à l’échelle des grands bassins-versants sur fond de réchauffement climatique.

Ce problème d’asséchement fait ressortir une autre problématique. Celle de la gestion de l’eau. Dans le secteur de Marans, le président de l’APPMA, Jérôme Brubach s’interroge sur la pertinence de certains changements intervenus dans cette zone.

Plus une goutte d’eau !

Si la sécheresse de cette année 2022 perdure, le phénomène n’est pas nouveau et risque de s’amplifier dans les années à venir. Ainsi, rivières et cours d’eau n’offrent plus qu’un spectacle désolant. Sur certains points d’eau, plus une goutte d’eau ne ruissèle. Tout est sec !

Les cours d’eau, canaux et plans d’eau de Charente-Maritime se dégradent un peu plus chaque jour face au déficit en eau. Les milieux aquatiques, la biodiversité, sont sacrifiés depuis 30 ans par une gestion de l’eau qui favorise les usages. Cette année en est, une fois de plus, le triste exemple », dénonce Gilles Brichet, président de la Fédération de la pêche en Charente-Maritime, sur le site de la Fédération.

Ainsi, la canicule a de fortes conséquences sur certaines pratiques dont la pêche. Elle génère notamment de sérieuses incidences pour les pêcheurs marandais, obligés d’adapter leur pratique quand ils ne décident pas tout simplement de renoncer à leur hobby.

Mais pas seulement…Assèchement des cours d’eau, températures des rivières trop élevées… La situation actuelle provoque une surmortalité des poissons.

Des moyens rudimentaires pour sauver les poissons

Depuis quelques jours, les membres des APPMA de la Fédération de pêche 17 procèdent même à des pêches de sauvetage à l’aide d’épuisettes.

Sachez que bon nombre de bénévoles d’AAPPMA ont déjà sauvé des centaines de poissons de toutes espèces et ce en toute discrétion. Ils ne manquent pas de bonne volonté, mais de bras. N’hésitez pas à vous faire connaître si vous êtes disponibles et volontaires », précise Gilles Brichet.

Plusieurs opérations ont été réalisées sur Aigrefeuille d’Aunis et une première sera lancée ce mercredi 10 août au soir par l’APPMA de la Gaule Marandaise.

Lors de ces opérations, les poissons sont sortis de la rivière où ils sont en danger, et réintroduits dans des bassins ou des cours d’eau plus frais et plus riche en eau comme la Sèvre Niortaise.

Pour le transport des poissons, on fait ça en bassine dans des remorques avec les moyens qu’on a à notre disposition. On fait un peu comme on peut avec notre waders et notre épuisette ! », détaille le président de la Gaule Marandaise.

Avec peu de moyens, les pêcheurs de la Gaule Marandaise tentent de sauver cette faune sauvage en détresse. Mais la peur d’une amplification du phénomène rend la tâche encore plus difficile.

Sachez que vous ne devez pas intervenir seuls. Contactez l’AAPPMA locale ou la Fédération qui vous donneront la marche à suivre pour participer à ces sauvetages. Pour finir, nous souhaitons faire appel au bon sens des pêcheurs quant à la non pratique de leur loisir sur certains secteurs de cours d’eau particulièrement impactés par la sécheresse. Ces secteurs sont faciles « à lire » au vu de la rupture d’écoulement en particulier. » insiste Gilles Brichet.

Toutefois, il est important de rappeler que légalement parlant la pêche à l’épuisette est interdite. Seuls les AAPPMA disposent d’un arrêté préfectoral leur permettant les sauvetages à l’aide de modes de pêche prohibés.

Une mauvaise gestion de l’eau ?

Le bilan dressé par la Fédération de pêche de Charente-Maritime est alarmant. Et selon eux, la gestion de l’eau dans le secteur n’arrange rien. Au contraire.

La Fédération Départementale de pêche de Charente-Maritime se bat pour obtenir une gestion équilibrée de la ressource en eau depuis plusieurs décennies et nous ne baisserons pas les bras malgré le peu d’avancées obtenues. La préservation des peuplements piscicoles est de notre devoir », ajoute Gilles Brichet.

Pour autant, les pêcheurs n’ont pas dit leur dernier mot et souhaitent mettre tous les gestionnaires face à leurs contradictions notamment concernant les derniers changements effectués au mois de février dernier à ce sujet.

La gestion de l’eau sur Marans était gérée à 100 % par l’IBSN auparavant. Les ouvrages appartenaient quant à eux à l’Union des marais mouillés. Mais l’IBSN a demandé à récupérer leurs ouvrages aux alentours du mois de février. Il en a déjà récupéré 13 ouvrages sur 69, et depuis, la gestion est devenue plus compliquée. Autrement dit, au lieu d’avoir un intermédiaire qui faisait le médiateur entre tout le monde (agriculteurs, pécheurs, bateliers, etc.), maintenant, on a plusieurs intermédiaires. La gestion de l’eau est donc devenue plus compliquée sur le secteur », explique Jérôme Brubach.

De tout temps, les conflits d’usages de l’eau concourent à créer des tensions sur le territoire. La gestion dite durable des ressources en eaux est même parfois sujette à des convoitises et suscite des rivalités entre acteurs notamment dans le département de la Charente-Maritime.

Les pêcheurs et riverains des rivières sont les premiers témoins de cette gestion catastrophique de l’Etat qui va à l’encontre de l’intérêt général et du code de l’environnement. Nous, pêcheurs, investis et sentinelles des cours d’eau, subissons tous cette situation », termine le président de la Fédération de pêche.

L’eau est un facteur économique clé en particulier pour l’agriculture, la conchyliculture et le tourisme. Elle est devenue un enjeu social et politique de premier plan. Alors, les pêcheurs s’interrogent et militent pour une meilleure gestion de l’eau. Mais le combat est rarement gagné d’avance.


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