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Longèves : l’artiste Emilie Marsh ouvre la saison culturelle de l’Envol

La chanteuse, auteure et compositrice originaire de Puilboreau qui vient de sortir son second album et tourne sur les scènes des plus grands festivals sera à l’Envol le 1er avril : interview exclusive.

Emilie Marsh_Presse ©DR
Emilie Marsh sera en concert à L’Envol le 1er avril prochain. (©DR).

Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire de la musique ? 

À la base, c’est l’écriture. J’ai toujours beaucoup écrit depuis toute petite. J’avais envie de transmettre des choses. Je faisais de la musique en parallèle et c’est le moment où j’ai associé l’écriture à la musique que je me suis rendue compte que c’était le meilleur moyen pour moi de m’exprimer. 

Vous avez des études supérieures de lettres, comment êtes-vous passé de l’université à la scène ? 

Après ma Licence de lettres, j’ai fait trois ans au conservatoire de musiques actuelles d’Aix en Provence. Je suis ensuite revenue vivre à Paris et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à en vivre assez jeune, à 23 ans environ. Je faisais déjà de la musique en parallèle de mes études. J’ai fait mes premiers concerts avec mes premiers groupes au Lycée. Donc il n’y a jamais eu l’un ou l’autre. C’était un rêve pour moi de vivre de ma musique et à un moment donné j’ai eu le courage de dire, j’essaie et on verra ! Et j’ai eu de la chance…

 Vous avez un père anglo-saxon, passionné de musique plutôt rock et une mère française plutôt enclins à la littérature, quelle influence ont-ils eu sur la musicienne que vous êtes aujourd’hui ? 

Personne ne m’a influencé dans un sens ou dans un autre. Mon père c’est plutôt de la musique folk, anglo-saxonne et un peu de rock aussi. Ma maman quant à elle, c’est plutôt de la chanson française allant d’Anne Sylvestre à Francis Cabrel en passant par plein d’autres. Il y avait toujours ces deux univers qui tournaient sur la platine vinyle à la maison. Bien sûr même si je suivais mes propres groupes de mon côté, ça joue d’avoir d’un côté de la musique folk et de la musique française. On dit de vous que vous avez un style hybride et singulier, qu’en pensez-vous ? Ça veut tout et rien dire, on peut mettre toutes les musiques dans cette définition ! Je n’aime pas me définir. En effet ce serait facile de me cataloguer dans la catégorie variétés françaises vu que je chante en français. Mais c’est très dur en tant qu’artiste de nous catégoriser dans un style ou dans un autre. Je chante en français mais je fais à la fois du rock et de la pop. Mais cela dit, même si le terme est un peu galvaudé maintenant je me reconnais bien dans le vocable variétés françaises, car dans variétés il a varié et cela regroupe beaucoup de styles qui s’expriment en français. C’est le tronc commun. Tant mieux si je suis singulière. 

Comment définiriez-vous votre identité ?

Je dégage une énergie plutôt rock mais après dans ce que je fais, ce que j’écris, j’ai des influences qui sont multiples et c’est donc un mélange de plusieurs choses j’imagine. Quelles sont vos musiques de prédilections ? J’aimerais du coup revenir sur mon album Névada car on n’en parle pas beaucoup et c’est vraiment celui qui représente mes influences les plus chères, les plus profondes. Dans Névada il y a Isabelle Mayerreau qui est présente car j’ai fait une reprise de ses chansons qui s’appelle Chevrolet in ballad. C’est une chanteuse que j’écoute depuis longtemps qui a une carrière assez confidentielle et qui écrit des textes magnifiques. Elle s’accompagne à la guitare. Je l’ai découverte il y a 12 ans et j’ai toujours écouté ses disques avec beaucoup d’admiration. Elle fait partie des chanteuse guitariste qui m’ont beaucoup marqué comme aussi la grande Sophie. C’était important pour moi de rassembler ses influences là sur mon album. Elle a d’ailleurs travaillé sur la chanson Névada dont elle a fait les arrangements. Et c’est assez naturellement que je l’ai invité sur la chanson Mélancolie sur la Rivera à chanter en duo avec moi. Une autre personne qui a marqué vos influences musicales c’est Dani.

En quoi vous a-t-elle inspiré ? 

J’accompagne Dani à la guitare depuis quelques années maintenant. J’ai énormément appris à ses côtés. On travaille ensemble depuis 2015. C’est vrai qu’en tant que guitariste, directrice musicale et arrangeuse à ses côtés, il y a vraiment quelque chose qui a évolué dans mon jeu de guitare et dans mon interprétation. Elle m’a aussi transmis beaucoup de choses. Je n’ai plus le même regard sur l’interprétation depuis que je côtoie Dani. 

Vous êtes donc à la fois compositeur, interprète mais aussi guitariste pour d’autres chanteurs, c’est important pour vous de garder ces deux casquettes ? 

En fait l’un se nourrit de l’autre. Il y a toujours aussi une dimension créative d’accompagner les autres à la guitare, car très souvent c’est moi-même qui vais créer mes parties guitare donc je vais toujours chercher l’accord qui va sonner le mieux sur une mélodie. Je continuerais toujours à mener les deux de front.

 Quels sont les artistes que vous accompagnez ?

J’accompagne Dani, principalement en ce moment car nos tournées se trouvent être parallèles, moi avec mon dernier album et elle avec « Horizon doré ». J’accompagne également un groupe qui s’appelle Bodie, le chanteur Hilledebrandt qui est de La Rochelle et j’entame d’autres collaborations.

 Nevada est donc votre second album après un premier sorti en 2019. Le premier était une ode au désir, à l’instant présent et dans ce second on part plutôt dans un voyage, on se projette dans une Ford Mustang, cabriolet rouge pour aller à la rencontre de personnes, d’univers… qu’est- ce qui vous a inspiré dans ce second opus ?

J’avais vraiment envie de raconter une histoire du point de vue d’une personne qui conduirait et qui irait rejoindre quelqu’un d’autre. Je trouve que ce qui est intéressant lorsqu’on conduit c’est qu’on est à la fois dans ses pensées, dans des choses très intimes. L’habitacle étant aussi quelque chose de très intime, comme une deuxième maison et à la fois on est en mouvement, on avance dans l’extériorité, les paysages qui défilent. J’aimais bien cette dichotomie entre l’espace intime et l’espace extérieur, collectif. Et quoi qu’il arrive dans une voiture on avance. J’aimais bien aussi cette idée « anda anda », on avance et on va devant. Nevada c’est donc à la fois le véhicule et la destination fantasmée où je ne suis jamais allée. Je crois que c’est aussi arrivé à un moment où on avait tous besoin de voyager. J’ai fini de l’écrire au moment du confinement. J’ai eu besoin de me projeter dans des lieux, dans d’autres formes de mouvements, d’univers parce qu’on ne pouvait pas l’avoir de façon réelle et c’est ce qui a donné ce voyage imaginaire.

 Dans cet album on y retrouve aussi un chœur de 10 chanteuses que vous nommez « les sorcières », pourquoi ? 

J’ai travaillé cet album pendant le confinement avec Sébastien Collinet avec lequel nous avons coréalisé le disque. On s’est dit que ce serait bien qu’on ouvre un peu le cercle parce qu’on était que tous les deux dans le studio. J’ai donc appelé une dizaine de copines chanteuses et on s’est toutes donné rendez-vous à l’Alcazar, dans ce magnifique endroit à Paris où l’on a enregistré ces chœurs pour l’album. C’est ce qui a amené le supplément d’âme qui manquait. Car on avait tout fait à deux. Ça a amené du collectif. Ce qui m’est cher en musique car j’adore partager, j’adore les collaborations. Et elles m’ont également rejoint sur scène au Café de la Danse. Les sorcières, c’est le nom que j’ai donné lors du concert parisien car il y avait quelque chose de magique, une vraie puissance, une liberté. Toutes sont un peu magiciennes.

Vous avez créé votre propre label, FRACA avec Katel et Robi. Comment vous est venue cette idée de création ? 

On travaillait déjà toutes les trois, avec un bon réseau en commun. On s’entraidait sur des dimensions de production, de live… On produisait toutes nos albums chacune de son côté et on s’est dit pourquoi ne pas mutualiser nos compétences. On a toutes des compétences différentes. Moi je suis guitariste. Katel est réalisatrice d’album et Robi de Clip. On avait cette envie de pouvoir sortir nos disques de manière indépendante et libre. Mais aussi de choisir artistiquement ce qu’on voulait et d’avoir aussi la structure pour sortir des disques et en même temps de signer d’autres artistes. C’est devenu un vrai label autour de la place des femmes dans la musique. Les femmes sont encore trop sous représentées, dans pleins de domaines. Il faut des discussions sur ces sujets-là, pouvoir en parler et que ce soit une parole libre et non pas contrainte pour mille raisons. Ce nom est venu de certaines insultes, on s’est fait taxer de Fraternité Canibale dans le sens où «on se bouffe entre nous » et on a décidé d’en faire un étendard plutôt que de se le prendre en pleine tête. 

Quels sont vos projets pour la suite ? 

D’abord la tournée qui va se prolonger jusqu’à l’été suite aux nombreux reports de dates. Puis je prévois de sortir de nouvelles choses bientôt. Je suis un peu en feu de création en ce moment. Je souhaite continuer ce que je fais, poursuivre mes collaborations, la tournée, écrire de nouvelles chansons et les sortir. Et continuer de rêver…


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