article, Faits divers, Vie des communes

La Rochelle. Une enseignante jugée pour harcèlement sur cinq de ses élèves

Au Tribunal de La Rochelle, la professeure de mathématiques du collège Pierre Loti de Rochefort n’a pas cillé face aux accusations du ministère public, « Je ne suis pas violente, mais exigeante ».

Enfants en classe ©Adobe Stock illustration
« tu fais de la merde » aurait dit la professeure à un de ses élèves. (©Adobe Stock illustration)

Procès atypique que celui qui s’est tenu le jeudi 13 octobre dans la salle d’audience correctionnelle du tribunal judiciaire de La Rochelle. À sa barre ce jour-là, Fabienne, une professeure de mathématiques du collège Pierre Loti de Rochefort. La justice reproche à la quinquagénaire d’avoir harcelé cinq de ses élèves des classes de 6e et de 5e entre septembre 2018 et novembre 2019.

Depuis la révélation des faits supposés, l’enseignante a été suspendue à titre conservatoire par l’Éducation nationale.  Il est clair que son avenir professionnel est lié à la décision que rendront le président Paul Roubeix et ses assesseurs, en parallèle d’une autre procédure plaidée devant le tribunal administratif de Poitiers.

« Je ne suis pas violente, mais exigeante »

Durant les trois heures de débats, Fabienne n’a pas dévié une seule seconde de sa ligne de défense. « Je ne suis pas violente, mais exigeante. Je n’accepte pas que les ados mentent, même si ça fait partie de leur développement. J’ai une passion pour les maths. Peut-être que ma voix me desserre ».

Fabienne dénonce une cabale qui aurait été montée contre elle. Mais également d’avoir été dans le collimateur de sa hiérarchie et plus particulièrement  dans celui de la proviseure de l’établissement. « Une fois je me suis même évanouie dans son bureau ».

L’enseignante reste droite dans ses bottes

À chacune des allégations du ministère public, l’enseignante reste droite dans ses bottes. « Je m’inscris en faux ». Ainsi elle réfute, les propos que certaines parties civiles lui attribuent, « tu fais de la merde ». « Je ne suis pas grossière dans ma vie privée, et encore moins dans ma vie professionnelle », se défend Fabienne.

Il est également question d’avoir forcé à plusieurs reprises un de ses élèves en situation de handicap à venir s’exprimer à de nombreuses reprises au tableau. Là aussi la quinquagénaire argumente, « il était très à l’aise à l’oral. D’ailleurs il était délégué du collège. La violence n’était pas de mon côté ».

Avant de soutenir une nouvelle fois, « ma pédagogie était adaptée aux enfants âgés de 11 à 12 ans, mais peut-être pas à l’époque que l’on vit ». D’autres faits sont reprochés à Fabienne, comme une heure de colle infligée à une des parties civiles. Ou bien encore d’avoir jeté le sac d’un de ses élèves au fond de la classe. Reste le cas de celui qui s’est scarifié et aurait tenté de se suicider en ingérant des médicaments, « je ne me l’explique pas ».

« Comportement toxique et déviant »

Du côté de la partie civile on parle d’un, « comportement toxique et déviant. Elle est enfermée dans ses certitudes ». Des dommages et intérêts allant de l’euro symbolique à 10 000 euros sont réclamés.

Le ministère public évoque, lui, « Un drôle de dossier. Sa carrière d’enseignante est en jeu ». Mais pour le procureur de la République, la culpabilité de Fabienne ne fait aucun doute, « ce n’est pas un comportement d’enseignant. Il n’y a pas de remise en question ».

Une peine de 15 mois de prison avec sursis est requise à l’encontre de Fabienne dont le casier judiciaire est vierge de toute condamnation. La défense plaide la relaxe non sans une certaine colère de la part de Me Julien Guillard, « c’est le cadavre pourrissant d’un système éducatif de présenter un professeur de mathématiques devant cette juridiction avec la délectation du proviseur. La demande de peine est invraisemblable. Ma cliente n’a rien à faire ici. Elle a juste voulu transmettre sa passion des maths aux enfants. Certaines personnes se sont liguées pour avoir sa tête. La fédération des parents d’élèves voulait se payer sa tête ».

Le tribunal rendra sa décision le 24 novembre.


[the_ad id= »2951″]