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La Rochelle. L’eau des stations d’épuration, une solution pour arroser les terrains de golf ?

L’arrêté préfectoral du 12 août interdit tout ou partie l’arrosage des greens de golfs et des terrains de sport, alors que l’eau rejetée par la station d’épuration de Marsilly n’est pas utilisée.

Stéphane et Gaëlle Martel, propriétaires du golf de La Rochelle. ©Yannick Picard
Stéphane et Gaëlle Martel, propriétaires du golf de La Rochelle. (©Yannick Picard)

Cinq ans déjà que le maire de Marsilly, certains agriculteurs, Gaëlle et Stéphane Martel propriétaires du golf de La Rochelle lorgnent sur l’eau rejetée par la station d’épuration de l’Agglo Rochelaise inaugurée en grande pompe sur la commune en octobre 2017. Encore plus par les temps qui courent et le thermomètre qui s’affole.

Une fois filtrée c’est une eau de qualité A (3 niveaux de qualité existent allant de A à C, N.D.L.R) donc de baignade qui est rejeté par la station », affirme depuis le départ Hervé Pineau le maire de Marsilly.

Celui-ci hors période de canicule l’utilise d’ailleurs à coups de citerne de 1 m3 pour arroser les massifs de sa commune par les agents de ses services techniques. Mais aujourd’hui, son ambition est tout autre, « nous allons déposer un nouveau dossier au mois de septembre auprès de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), afin d’utiliser cette eau pour arroser notre plaine des sports ». Ce qui se fait d’ailleurs dans d’autres pays de l’Union Européenne.

Lobbying des compagnies des eaux ?

Mais aujourd’hui et particulièrement en cette période de canicule l’édile n’hésite pas une seule seconde à parler de lobbying, « des compagnies des eaux font pression sur l’Europe. Selon notre réglementation l’eau de la station est de qualité A, dites de baignade. Mais elle devient de qualité C suivant les normes européennes. Mais que font nos députés européens, si ce n’est que de ne servir à rien ? Je m’interroge ».

À 1km à vol d’oiseau du pôle épuratoire dernier cri, Gaëlle Martel emmène ce même débat sur le terrain de l’écologie et de l’éco responsabilité, « au golf de la Prée, nous travaillons la gestion de l’eau de façon différente. Ce n’est pas parce que c’est un golf que nous arrosons de façon massive ».

Arrosage des greens interdit

Dans ce fameux arrêté du préfet de la Charente-Maritime, Nicolas Basselier interdit l’arrosage des greens, « ils pourront toutefois êtres préservés sauf en cas de pénurie d’eau potable par un arrosage réduit au strict nécessaire entre 20  heures et 8 heures et qui ne pourra représenter plus de 30% des volumes habituels ».

Depuis deux ans, le golf de La Prée a le label « argent de la biodiversité ». Il lui a été accordé pour sa gestion raisonnée de l’eau. Malgré tout, l’eau reste la vie des greens, bien au-delà d’une simple activité de loisirs.

Avec 15 emplois à La Prée, sans compter ceux induits, le golf est porteur d’économie. Comme tous les autres d’ailleurs en France. Il y en a 700, je vous laisse faire le calcul. Un green meurt en trois jours. Il faut 3 à 4 mois pour le remettre en état. Nous travaillons sur du vivant », insiste Gaëlle Martel.

Dans les mois à venir, son 18 trous sera équipé d’une gestion centralisée de l’eau pour un arrosage raisonné. Il n’empêche que l’eau rejetée par la station l’intéresse tout autant que le maire de Marsilly, « tout le monde la veut, mais personne ne fait rien. Il y a un an nous avons été approchés par un service de l’Agglo. Il nous a demandé notre consommation en eau. Depuis, plus rien ».

La jeune femme enrage encore plus, « les golfs de Royan et de Saintes sont reliés à une station d’épuration. Ils ne sont pas soumis aux mesures de restriction ». À noter qu’entre le golf la plaine des sports et la station d’épuration, certains agriculteurs sont intéressés pour utiliser cette eau afin d’irriguer les inter-cultures imposées par la politique agricole commune nécessaires à piéger l’azote.


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