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La Rochelle. Le Grenelle des violences intra-familiales, trois ans après

L’heure est à un premier bilan pour l’ensemble des acteurs qui luttent contre les violences intra-familiales sur le secteur judiciaire de La Rochelle.

Grenelle des violences intra-familiales ©Yannick Picard
Grenelle des violences intra-familiales. Hervé Charles et Stéphanie Lafosse. (©Yannick Picard)

La lutte contre les violences intra-familiales ne date pas d’hier. Mais elle est montée en puissance lorsqu’en 2019, le gouvernement en a fait une de ses priorités nationales. Si avant cela chacun œuvrait de son côté, trois ans plus tard il est question d’un véritable travail en réseau pour l’accompagnement des victimes, mais également la prise en charge des auteurs.

« Nous avons une meilleure circulation de l’information entre l’ensemble des acteurs », rappelle Stéphanie Lafosse, magistrate référente de la lutte contre les violences conjugales au tribunal judiciaire de La Rochelle.

Téléphones graves danger

En insistant, « nous avons amélioré le recueil des plaintes des victimes de violences intra-familiales ».  Au cours de l’été 2021, une cellule de veille a été créée au sein du tribunal judiciaire de La Rochelle.

Se réunissent depuis toutes les 3 semaines autour d’une même table, l’ensemble des acteurs, forces de l’ordre, magistrats et associations qui luttent contre ce phénomène. Certains outils ont été mis en place, comme les téléphones graves danger ou les bracelets anti-rapprochement.

D’autres sont montés en puissance comme les ordonnances de protection prononcées par les juges aux affaires familiales (JAF). « Il y a eu un effet Grenelle. Avant moins de 10 étaient prononcées par an à La Rochelle. Il y en a eu 42 en 2020, 21 en 2021. Au 31 août de cette année nous en sommes déjà 323 », ne cache pas Stéphanie Lafosse. À noter qu’à partir du moment où il est saisi, le JAF à six jours pour se prononcer.

Jusqu’à 600 procédures en 3 ans

Du côté du parquet, le vice-procureur, Hervé Charles qu’une des meilleures des mesures est, « l’accès à l’aide juridictionnelle pour les victimes. L’argent ne doit pas être un problème ». Entre 2019 et 2021, le nombre de procédures a été multiplié par deux au parquet de La Rochelle. Il est passé de 300 à 600. Une sorte de libération de la parole a vu le jour. « Avant il y avait le secret des familles », poursuit le vice-procureur. Ce dernier précise que sur le ressort aucun féminicide n’a été constaté depuis 2020, « au cours du 1er semestre 2022, le nombre de plaintes pour violences intra-familiales a diminué de 29% ».

Du côté des forces de l’ordre, que ce soit en zone police ou gendarmerie, la majorité de leurs acteurs ont été spécialement formées, notamment au recueil de la plainte en zone de confidentialité. Alors que dans l’ombre œuvrent les acteurs associatifs. Le centre d’information sur les droits des femmes et familles (CIDFF) est au chevet des victimes.

« On ne naît pas violent, on le devient… »

Alors que du côté de l’Association d’enquête et de médiation (AEM), il est question de la prise en charge des auteurs. « On ne naît pas violent, on le devient. Donc on peut le désapprendre », affirme Anthony Peleman le directeur général de l’AEM.

Des accompagnements individuels renforcés (AIR), permettent de suivre au quotidien les auteurs de violences intra-familiales placés sous contrôle judiciaire en attendant qu’ils soient jugés. Une alternative à la détention provisoire. Trente auteurs à La Rochelle ont bénéficié de cette mesure depuis 2019. « Deux ont été révoquées en 2021 », conclus Hervé Charles.


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