article, Politique, Vie des communes

La Rochelle. La police judiciaire dans le collimateur du ministre Darmanin

Comme dans de nombreuses villes en France ce lundi 17 octobre, les fonctionnaires de la police judiciaire ont grincé de la dent, soutenus par leurs collèges ainsi que les magistrats, greffiers et avocats.

Policier en manifestation à La Rochelle ©Yannick Picard
Les fonctionnaires de police inquiets devant la réforme manifestent devant leur commissariat à La Rochelle. (©Yannick Picard)

Depuis le limogeage de Éric Arella, patron de la police judiciaire pour le sud de la France le vendredi 7 octobre dernier, suite à la manifestation la veille de ses hommes contre la réforme de la police judiciaire lors de la visite du directeur général de la police nationale (DGPN), rien ne va plus entre les hommes de la PJ et le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin.

Plus qu’un mouvement d’humeur, c’est un véritable sentiment de galvaudage futur de l’action de ses hommes de terrain, qui luttent contre le grand banditisme, qui prévaut chez eux comme dans la chaîne judiciaire à leur soutien.

À tel point d’ailleurs que même François Molins, procureur général près la Cour de cassation s’est ému et a réagi sur ce projet de réforme.

Moins de temps, moins de moyens ?

Parmi les magistrats travaillant en prise directe avec les enquêteurs de la PJ, Fabienne Averty, juge d’instruction au tribunal judiciaire de La Rochelle et déléguée régionale de L’Union Syndicale des Magistrats (USM) prend position.

il n’y a déjà que 15 fonctionnaires de la police judiciaire en Charente-Maritime, dont deux sont affectés au contrôle des jeux (casinos par exemple N.D.L.R). Pour moi s’ils devaient dépendre du directeur départemental de la police nationale (DDPN), lui-même sous l’autorité du préfet, il y a un risque réel que le secret de l’instruction et de l’enquête ne soit pas préservé. Le DDPN décidera avec cette réforme d’allouer les moyens suivant les enquêtes.  Le préfet à un rôle à jouer pour la sécurité publique. Toujours avec cette réforme imaginons des enquêtes judiciaires lorsque des élus ou des chefs d’entreprise pourraient être mis en cause… ». Fabienne Averty, juge d’instruction au tribunal judiciaire de La Rochelle

La magistrate insiste vraiment sur un effectif de la PJ en Charente-Maritime déjà peau de chagrin selon elle, « non vraiment 15 ce n’est pas assez. Ils doivent gérer les écoutes téléphoniques, les retranscrire, poser des balises. Nous sommes dans la grande délinquance et les affaires criminelles. Fondre la PJ, en fait, mutualiser ses moyens au sein de la police dirigée par la direction départementale, c’est le risque d’allouer moins de temps, moins de moyens aux investigations. La PJ serait noyée par le nombre d’affaires à traiter ».

Premier coup de gueule

Ce 17 octobre, Fabienne Averty de par ses fonctions de déléguée régionale de l’USM, a été la seule à pouvoir s’exprimer avec la presse. Les fonctionnaires de la PJ et de la police présents à leur soutien étant tenus par leur obligation au droit de réserve.

Il n’en demeure pas moins que le message inscrit sur leur gilet pare-balles en disait long sur leurs inquiétudes « liquidation judiciaire », en lieu et place de « Police judiciaire ». Tout comme d’ailleurs quelques Codes de procédures pénales posés à même le parvis du commissariat de police de La Rochelle.

L’association nationale de police judiciaire (Anpj), évoque d’autres actions à venir. Ce premier coup de gueule à La Rochelle a réuni une cinquantaine de personnes, entre fonctionnaires de police et acteurs de la chaîne judiciaire.


[the_ad id= »2951″]