article, Faits divers, Vie des communes

La Rochelle. De la drogue avait été saisie par les douanes dans le camion du chauffeur polonais

Les cinquante-trois kilos de cannabis retrouvés à Port d’Envaux dans les roues de secours du camion qui remontait d’Espagne y avaient-ils été placés à l’insu du chauffeur routier ?

camion ©pexels. Wayne Jackson Illustration
La drogue aurait été placée à l’intérieur du camion à l’insu du chauffeur. (©pexels. Wayne Jackson Illustration)

Telle était la question de fond du procès de Josef qui s’est tenu le 3 janvier dernier à la barre du tribunal judiciaire de La Rochelle. Le sexagénaire n’a pas fait le déplacement de Pologne pour venir répondre aux questions du président Paul Roubeix.

Mon client est traumatisé des quatre mois de détention provisoire qu’il a dû exécuter. Il a vécu un véritable cauchemar. Je n’ai même pas pu m’entretenir avec lui. Dès qu’il a été relâché, le préfet la fait reconduire à la frontière pour être expulsé du territoire Français, avec interdiction d’y revenir avant deux ans », résume Me Astrid Dereine-Tardif.

Le fils de Josef, entrepreneur pour qui roulait son père a quant à lui fait le déplacement de Pologne. Objectif pour ce dernier et son avocat Me Jean-François Prigent : obtenir la levée de la saisie du camion de cette petite entreprise familiale.

Les faits

Le 22 mai 2019, alors qu’il venait de livrer une cargaison de boissons énergisantes en Espagne, Josef remonte en direction de la Pologne au volant de son 40 tonnes, chargé de rouleaux de films plastique. Il est alors intercepté sur l’autoroute A10 à Port d’Envaux par les douanes de La Rochelle. Le chien des fonctionnaires renifle la présence de cannabis, dans les roues de secours du camion, placées dans le coffre à palettes ouvert à tout va. Cinquante sachets sont saisis pour un poids de 53 kilos et une valeur estimée à 593 000 euros par les douanes.

Josef a toujours nié être au courant que de la drogue se trouvait dans les roues de son camion. Le tribunal cherche à savoir pourquoi ce trajet plus long pour remonter vers la Pologne a été choisi. Tout comme le mode de fonctionnement du transport routier international. « Le chauffeur part livrer. Ensuite une fois arrivé sur place je consulte une bourse européenne du fret, pour trouver dans un rayon de 100 km,  des cargaisons à remonter en Pologne pour mes chauffeurs », explique le chef d’entreprise.

Un chauffeur sourd

Donc en résumé, une feuille de route pour le retour absolument pas planifiée au départ. Pour le fils de Josef, « ils ont chargé la drogue quand mon père s’est absenté. Le coffre à palettes avec les roues de secours n’était pas fermé avec un cadenas ». Il précise également que son père est sourd et que la nuit il dort dans sa cabine sans ses prothèses auditives. Josef était-il suivi par les trafiquants lors de sa remontée vers la Pologne, l’affaire ne le dit pas.

Une version à laquelle n’adhèrent pas les douanes qui réclament une amende de 593 000 euros. Tout comme le ministère public, « c’est un réseau organisé. Était-il complice ? Pour moi c’est un passeur. Un petit maillon de la chaîne ». Une peine de deux ans de prison dont un avec sursis, une amende de 15 000 euros et par contre la restitution du camion sont requises. Du côté de la défense, Me Astrid Dereine-Tardif parle, « d’incohérences », dans ce dossier.

Mon client a transporté la drogue à son insu. Cela pourrait nous arriver à tous. On ne condamne pas sur des possibilités. Ce dossier est vide. Je le répète c’est un véritable cauchemar », martèle l’avocate qui plaide la relaxe pour son client.

Le tribunal a relaxé Josef. Il a ordonné la restitution de la caution de 15 000 euros que le routier avait dû verser pour obtenir sa remise en liberté, ainsi que la restitution du camion saisi par les douanes.


[the_ad id= »2951″]