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Pêche. Une remise de 25 centimes par litre de carburant prolongée jusqu’en février 2023

Le secrétaire d’État chargé de la pêche, Hervé Berville, avait annoncé cette prolongation au bureau du Comité national des pêches le vendredi 4 novembre. Une bonne nouvelle pour les pêcheurs ?

Les pêcheurs continueront d’avoir une ristourne de 25 centimes jusqu’en février 2023. (© Ludovic Sarrazin).

Dans un communiqué diffusé le vendredi 4 novembre, le secrétariat d’État chargé de la mer précise que « l’aide au carburant mise en œuvre depuis le 17 mars, qui avait été une première fois prolongée sur proposition du secrétaire d’État et qui devait prendre fin au 15 novembre, est désormais prolongée jusqu’en février 2023 (…). »

Mise en place sous le gouvernement de Jean Castex dans le cadre du « plan de résilience », elle devait permettre aux entreprises de faire face aux conséquences économiques de la guerre en Ukraine.

Cette prolongation concerne donc l’ensemble des professionnels et « représente un engagement financier de l’État pouvant s’élever jusqu’à plus de 20 millions d’euros, en plus des 45 millions d’euros budgétés jusqu’alors ».

Mais, malgré la prolongation, cette aide est-elle réellement utile pour les pêcheurs ? Pour le président du Comité départemental des pêches maritimes de la Charente-Maritime, Philippe Micheau, cette ristourne ne sera pas suffisante au vu du prix de l’essence.

Une ristourne de 25 centimes

Grâce à l’intervention de l’Union européenne, la prolongation de cette ristourne de 25 centimes a été finalement rendu possible. Pourquoi ? L’Union européenne a relevé le plafond de l’aide, de 105 000 euros aujourd’hui, à 330 000 euros.

De 65 000 euros, en juillet dernier, le plafond passe donc à 330 000 euros. Selon le secrétariat d’Etat chargé de la Mer, cette décision « permettra d’ouvrir l’accès à l’aide carburant à davantage de navires et pourra donc pleinement s’appliquer aux entreprises de pêche disposant de plusieurs navires, qui en étaient jusqu’alors exclues ».

« Une petite bouffée d’oxygène » qui est la bienvenue alors que certains craignaient de devoir rester à quai après la mi-novembre, notamment sur le littoral des Hauts-de-France, même si cette bonne nouvelle reste malgré tout temporaire.

La filière pêche doit maintenant trouver les solutions pour se réinventer : « On doit maintenant trouver des solutions pérennes parce qu’on ne va pas pouvoir continuer tout le temps comme ça, il y a la feuille de route sur la décarbonation sur les navires », souligne Hervé Berville.

Une idée intéressante sur laquelle le président du Comité départemental des pêches maritimes de la Charente-Maritime émet quelques réticences sur la faisabilité.

Peu importe l’énergie, aujourd’hui, nous sommes sûres d’une chose : nous ne pouvons pas rester au gasoil ! Mais on sait aussi très bien qu’il n’existe pas encore d’énergie pour le remplacer pour l’instant, à la fois financièrement et techniquement. En plus, on ne pourra pas attendre 10 ans pour sauver nos entreprises », explique Philippe Micheau.

En Charente-Maritime, la prolongation de cette remise sur le carburant ne suffit malheureusement pas aux pécheurs « parce qu’avec la remise actuelle, le gasoil reste tout de même aux alentours des 90 centimes voir 1 euro sur certains endroits ».

D’après Philippe Micheau, cette remise n’est donc pas du tout rentable pour les chalutiers. Toutefois, sans cette aide, « c’est la mise à quai systématique de beaucoup d’armements ». 

Sauver un secteur en crise

Le gouvernement appelle également « l’ensemble de la filière pêche » à « prendre le relais de ce soutien public ». En pleine crise, le secteur a besoin d’aide et cette ristourne ne suffira malheureusement pas à assurer un avenir aux pêcheurs.

Conséquence, le secrétaire d’Etat Hervé Berville s’est aussi tourné vers le grande distribution et leur a demandé d’augmenter plus largement l’enveloppe destinée à soutenir les professionnels de la pêche française.

Ce « mécanisme de solidarité reposant sur des fonds privés (…) est plus que jamais nécessaire pour renforcer la compétitivité du secteur et sa durabilité, les propositions faites à ce jour n’étant pas à la hauteur des enjeux », dénonce le secrétariat d’Etat.

Toutefois, cette prolongation est tout de même de nature à rassurer les pêcheurs pour cette fin d’années pleine d’incertitude. Elle va permettre à la profession de pouvoir se projeter en cette période charnière.

Comme le rappel le Comité national des pêches, celle-ci coïncide avec la fixation des Tac et quotas pour l’année à venir. En revanche, les pêcheurs sont conscients aussi que le gasoil ne va sûrement pas baisser donc ils sont en plein de la tourmente.

Après les solutions, personnellement, nous ne les avons pas, en revanche, il faut que le gouvernement mette tout en œuvre pour trouver des solutions pérennes et rapides.« , ajoute le marin-pêcheur de Château-d’Oléron.

C’est pour cette raison que le secrétaire d’État chargé de la Mer, Hervé Berville, a dévoilé mardi dernier le plan France-Mer 2030, visant à accélérer la décarbonation du secteur maritime avec pour objectif le « navire zéro émission », lors des Assises de l’économie de la mer à Lille. Affaire à suivre.


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