Dans ce village, que l’un des adjoints qualifie de « petit Neuilly de La Rochelle » et son maire de « 12e commune de l’Île de Ré », il semble ne pas faire bon se retrouver en situation de précarité. Explications.
A04D, ce n’est pas un nom de code. Mais juste le numéro de l’emplacement du mobil-home dans le camping privé « Au petit port de L’Houmeau », à l’intérieur duquel depuis le 17 octobre dernier, Isabelle Demouchy, voit les portes lui claquer à la figure les unes après les autres.
Peu importe le passé de cette quinquagénaire, que certains semblent vouloir stigmatiser. Isabelle Demouchy est arrivée en Charente-Maritime pour écrire une nouvelle page de sa vie, « je suis venue pour suivre une formation à l’Afec ». Mais son départ de Toulon s’est fait dans la douleur, « un bus m’a heurté. Ma valise m’est tombée sur la cheville qui s’est fracturée ».
Opérée en urgence
Isabelle Demouchy a été transférée à l’hôpital des Armées de la ville pour y être opérée en urgence. Après une semaine de soins la quinquagénaire est arrivée au camping de L’Houmeau après une halte de quelques jours dans la région de Toulouse. Celle-là même où elle a croisé la route de notre confrère Dominique-Jacques Morel, qui a alerté la rédaction d’AunisTV sur le calvaire que vit Isabelle Demouchy depuis son installation temporaire dans ce mobile home.
Le verre est bien plus à moitié vide qu’à moitié plein. Malgré tout, « l’Afec a maintenu ma formation en assistance de direction. Elle est différée en mars 2023 ». Mais comme en Artique, il y a la partie immergée de l’iceberg, celui de l’ « abandon social ». Dans quelques mètres carrés Isabelle Demouchy passe ses journées en position inconfortable sa jambe plâtrée et allongée sur un canapé. « J’ai appelé au moins 10 médecins pour qu’ils viennent me voir ». Aucun ne l’a fait.
Si ce n’est ces derniers jours un libéral de La Rochelle à la demande d’un de ses amis.
J’ai refait les pansements de Mme Demouchy et je lui ai laissé plusieurs bons de transports pour des VSL (véhicule sanitaire léger). Je repasserai la voir régulièrement. Mais je maintiens qu’une assistante sociale aurait dû venir faire un état des lieux de la situation de cette dame ».
Sur une double page de cahier A3 d’écolier, Isabelle Demouchy note inlassablement toutes les démarches qu’elle a entreprises. Parmi elles, celle auprès du centre communal de l’action sociale de L’Houmeau. Le maire de L’Houmeau Jean-Luc Algay et son premier adjoint Bruno Hemar sont à l’unisson sur ce dossier, « oui madame Demouchy a contacté le centre communal d’action social (CCAS). L’agent lui a donné par téléphone tout un tas de numéros de téléphone de structure pour être prise en charge et a fait les démarches nécessaires. Mais il faut reconnaître que cette personne n’est pas très facile. Et puis ce n’était pas le rôle de cet agent d’aller porter son chèque à la banque comme elle le demandait ».
Une autre solution d’hébergement ?
Une personne qui a préféré garder l’anonymat s’en est chargée, gage de 15 jours d’hébergement de plus dans le camping.
Mais tout reste à faire, le présent comme le futur. De la simple ordonnance à aller chercher à la pharmacie du village alors que l’on ne peut pas marcher, à trouver une autre solution d’hébergement à partir de la mi-novembre. « J’ai froid », lâche avec beaucoup de pudeur Isabelle Demouchy.
Le téléphone sonne à nouveau et c’est un nouvel imbroglio administratif qui est proposé à la quinquagénaire. Ce n’est plus le jeu de Monsieur Patate, mais celui de la patate chaude que l’on se refile au plus vite, de service en service. Avec cette règle en filigrane : oui la précarité sociale c’est triste. Mais c’est bien mieux chez les autres.
« Je pense à l’après. Je ne veux plus rester là. Ici c’est cauchemardesque », conclut Isabelle Demouchy.
Pour aider Isabelle Demouchy : 06 25 51 93 85.
[the_ad id= »2951″]
